Etrange et beau

#agendaironique

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Deux amoureux devant la mer respirent l’air iodé. 

Assis sur le muret, les pieds dans le vide, ils scrutent le lointain, le mirage des trois-huit marins. Sereins…

( L’énigme de l’océan dérobé puis restitué ayant été résolue  : pour plus d’informations, lire les faits, contés par Carnetsparesseux et Laurence dans de précédents agendas ironiques). 

Le mouvement lancinant des vagues, leur musique impérieuse, rythment l’horizon. Elles réjouissent nos deux chéris.

En contrebas, la danse d’un cerf-volant, esquissée au fil de la tendresse entre père et fils. Le vrombissement de l’engin face au vent qui se lève, arrache des cris de joie à l’enfant.

Sur le muret, la femme enfonce son bonnet et l’homme cale contre lui son sac à dos. 

Au fur et à mesure du ressac, l’île se forme devant eux.  Elle surgit comme la veille, langue à géométrie variable, visible à marée basse. 

Des fans de cyclopousse à voile- un sport nouveauté 2021 « slow tourism » de la station balnéaire- s’approchent, l’espace de quelques heures, pour profiter de la terre blonde, éphémère et sableuse. 

Des promeneurs se croisent. Ils s’amusent d’observer les reliefs et couleurs de coquillages striés comme des pulls marins. 

Au loin, l’écho de la fine ligne de vagues, écumeuses d’horizon, convoque, sur la grève, l’image d’un lagon bleu transparent. Un temps en suspens… 

Derrière les deux amoureux , se tiennent deux mouettes, plus blanches qu’une fleur de poirier. Elles ne perdent pas une miette de la geste des humains. 

Toute ouïe,  leur bec est tourné dans la même direction qu’eux. L’un des deux volatiles fait des aller-retour fébriles et revient à son poste, derrière la femme au bonnet.  L’autre, immobile, lorgne le sac à dos de l’homme, et, de temps à autre, tente de le picorer en vain, en allongeant son cou.

Les deux mouettes collent insensiblement le dos de l’homme, de minute en minute, en décalant latéralement leurs pattes, par petites touches. Elles voient soudain l’humain se tourner vers la besace. 

Elles se regardent, vivement intéressées, se rapprochent encore.

« Écoute bien » graille soudain l’oiseau le plus près de l’homme : Le sac va produire un bruit étrange et beau … Dès que tu l’auras entendu, tu fonces droit devant et toutes deux, nous emporterons le garde manger qui est caché l’intérieur ».

C’est alors que l’homme eût à peine le temps de dézipper le sac à dos, de dégager le noeud du pochon de sandwiches, que les deux volatiles partirent à coups d’ailes lourdes, en emportant cette pitence vilement acquise. 

Point de corbeau, point de renard. 

Un sandwich au fromage sans doûte, pour une histoire de marée inouïe depuis tant de temps et de mouettes privées de touristes et de leurs curiosités, pour, assez folles, de rieuses en devenir picoreuses ou joueuses.

©Véronique Bonnet 2021

Voilà pour ma participation à l’agenda ironique organisé ce mois-ci par Laurence Delis, de Palette d’expressions. Quel était le sujet? : c’est ICI

(En résumé il fallait : Ecrire un texte contenant la phrase  » un bruit étrange et beau » du roman graphique de ZEP, y insérer 3 mots : ïle, cyclo-pousse, poirier)

Sur la plage en fin de semaine dernière, j’observais le manège de ces deux mouettes quand le doux bruit de la mer m’a rappelé d’écrire un petit KEKCHOSE pour l’agenda ironique …

16 commentaires sur “Etrange et beau

    1. Merci carnetsparesseux ! Quand j’ai vu ces deux oiseaux faire le guet et suivre le mouvement des deux amoureux, je me suis dis que je tenais deux vedettes. Quand je les ai vu essayer de piquer dans le sac, j’ai dit chapeau ! Et j’ai pensé au corbeau et au renard, dont tu nous contes tant de versions… Ben là, c’est «  volatiles à la plage » ☺️
      Merci de ton passage
      Bonne soirée
      Véronique

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