Instant d’équilibre

I

Quand la conscience du fil grandit,

Quand l’intérieur s’accorde, 

Et les liens se tissent au dehors,

Quand l’imaginaire dessine des ponts et des merveilles,

Des monts, et des cristaux,

Des terres à délices, des prémices d’Alice,

Quand le moment est capturé, non pas par une photo 

Mais par les filtres sensoriels et l’invisible subtil, 

L’instant peut alors se respirer

Et le corps s’allonger en étoile sur la pelouse…

Magique comme le violoncelle de Yo-Yo Ma jouant les suites de Bach…

Perdre la notion du temps n’est pas loin. 

Entre lâcher prise et discernement, 

Equilibriste de vie, 

Profite!

©Véronique Bonnet


suites pour violoncelle seul de Bach

Traces

Le temps de me poser pour écrire ou lire m’a manqué ces temps-ci… Il fallait tracer, faire, suivre le mouvement trop rapide, s’oublier, jusqu’au warning, cet agacement qui me ramène à l’oscillation intime. Je reviens déposer une poésie du bourgeon, de l’émergence, face à la culture de l’urgence…

La neige fond, dévoile le bourgeon,

Et l’arrêt devient rideau de vie 

D’une nouvelle partition. 

Qui sait, souris! 

Ce matin, l’air se pare de parfum de toujours,

De ces petites fleurs blanches, invisibles 

Allez, monte à bord!    

Tout est là, émerveille encore

Qui sait l’animal animé 

D’un dessein fabuleux  

et d’un libre trésor  !

©Véronique Bonnet

Vue du Mont Mezenc, Auvergne

vue du Mont Mezenc, Auvergne

Clair hier

Vient ce temps 

En histoires contées 

Où les écureuils de guerre lasse 

Viennent partager leurs fantasques récoltes.

De la découverte du fruit nouveau

Au cœur de la froidure

Au bord des chemins, 

Jusqu’aux sauts de rivières grondantes et cailloux trébuchants,

Caresse d’arbres

Echos d’été, sous-bois  de champignons, 

Craquantes noisettes et traces de neige

Bleus de ciels intemporels,

Intempéries et douceurs de lune rousse

Fondus de soleils rouges, 

Camaïeux hérissés de sapins de montagne,

Etoiles de mousse, 

Vents passés déchaînés 

Et printemps avenir.

Sous l’arc en ciel dégagé du paysage compassé,

Le feu apparaît.

D’un orange chuchoté, 

Il crépite dans la clairière, 

Au milieu des danses de vie

Des panaches et des crinières.

Tourments d’amour, solitude glacée, 

Passions chimères, liens cendrés, 

Font aussi la flamme apaisée! 

Les animaux tombent d’accord :

« Le meilleur moyen d’éviter la chute des cheveux, c’est de faire un pas de côté. »

©Véronique Bonnet


Bonjour! Voici donc ce petit texte pour l’agenda ironique de Février, tenu  par Ecri ‘Turbulente. http://ecriturbulente.com/2019/02/19/lagenda-ironique-meme-pas-en-reve/

Le jeu d’écriture proposé :

Après beaucoup de péripéties (mais lesquelles ?) on me propose de rêver le rêve absolu.
Comment en est-on arrivé là ?

Eugène Ionesco – Journal en miettes

Au pied de la lettre, imaginez ces péripéties chargées d’un puissant magnétisme onirique, rêves de réalités de plus en plus intenses.

Rêver pour de vrai, jusqu’au rêve absolu.

Seule une « petite » contrainte : votre texte devra se terminer par cette phrase de Groucho Marx :

« Le meilleur moyen d’éviter la chute des cheveux, c’est de faire un pas de côté. »

Chut…

Eclipse de lune sur le lac Majeur, photo Alberto Negro, le 21/01/19

[

« On confond le monde et la vie »

Henri Gougaud



La vie ne s’écoute pas seulement dans le bruit que l’on fait…

Ecoute le silence, dit la lune

©Véronique Bonnet

L’une


Au cœur de la lune, 

Au clair de la nuit, 

Parlent les histoires de rhunes

Et les ressentis en pluie. 

La marionnette sent le fil de vie la traverser, 

Et le souffle la transformer en être de chair.

La chouette a donné sa plume, 

Et le feu reprend sa place

Là, dans la poitrine,

Dans le cœur de la femme.

Le bois crépite et fume 

Dans le silence de la nuit

En écho aux palmas des musiciens

Les flammes dansent et appellent le lien de vie. 

La robe à volants, la chevelure libre,  

Épousent le mouvement de la flamenca.

La gitane aux mains ondulantes 

Danse avec son ombre.

Je la vois, là…

Le rythme et le son résonnent encore dans mon ventre, 

Ramenant, les pieds, le corps à la force de la terre, à la poussière qui vole

Et les vibrations se font comprendre 

Aux confins de l’être voyageur, dans les zones brûlantes et folles. 

Au cœur de la lune

Au clair de la nuit

Dansent, dansent les brumes

Et la lumière des cœurs éblouit. 

Au cœur de la lune

Au creux de la nuit 

Dans la chaleur de nos bras, 

La danse à deux, le monde en folie

Et la lune luit.

©Véronique Bonnet

Soie?

Je garde un fil…

Au fil du rasoir, mon train,

Au fil de la course,

Je garde un fil…

Le long du paradoxe,

Je garde un fil 

Qui relie mot et âme.

Quel fil garder ?

Je regarde le film,

Je lis les mails, je jette les spams.

A genou, je me sens,

En boule dans une penderie

En drôle de causerie.

Je tire les mailles du fil de soi,

Débobine, rembobine, 

Tisse, et métisse.

Perd et manque,

Vertige consumé.

Les jeux sont-ils faits ?

Pas si lisse, pas si vite…

Déployées, assemblées dans le hasard,

Sont les vibrations, les vies cousues main.

©Véronique Bonnet

Voilà l’horizon

`


La géométrie fine tranche le vertigineux camaïeux.

Entre ciel et mer émergent la netteté d’un mât, d’une voile.

Il vient à l’esprit songeur une étrange poésie…

L’homme trace les limites de la nature. 

Il dessine et magnifie les paysages, 

Il crayonne lignes et contours des plages.

Il plante, taille, construit mais laisse flotter les emballages.

Plus belles seront les vacances en absence de pluie.

Il mélange les sons, les odeurs, et goûte à tout. 

Il veut posséder le temps, a une trajectoire de fou` 

Quand l’environnement est rythme de vie.

Il aime à repousser ses limites mais contrôle celles de la nature,

Quitte à stériliser la terre qui le porte.

Il embauche les meilleurs financiers pour ses factures

Mais ne sait pas compter les réserves naturelles.

Mais le paradoxal, c’est « tout le monde et personne »…

Alors,  changement ou lettre morte ?

©Véronique Bonnet

Reflets

Tu peux passer ton chemin ou t’abandonner à l’instant…

Regarder l’envers du décor, et entrer dans un autre plan.

Au travers du reflet scintillant du lac,

Dans le tendre jeu de lumière sur le vert feuillage.

Vois, par-delà la forme, la poésie en voile d’amour qui nimbe ton voyage.

©Véronique Bonnet

Un jour, une nuit

Nulle part, partout,

j’arrache les mauvaises herbes,

Celles qui étouffent.

Et je découvre la fleur vivace. 

Je laisse monter le début d’un chant,

C’est un bourdonnement bienveillant.

Je réponds :  » présente  » à la vie.

     ©Véronique Bonnet

Tu es

11 novembre 2018

Tu es…

Le temps s’est tu, il a chu, le long d’une pente vertigineuse, boueuse, sanglante.

De ce grand silence après la guerre, il reste des pierres froides gravées,

Presque inhumaines, normalisées, dressées au milieu des villes…

Et  ces statistiques qui noient le singulier, le précieux…

Tout juste après la déflagration, les confidences sont chuchotées aux sourds,

Et les films comiques revêtent l’impensable d’un sourire…

La nausée  ravalée…

Aujourd’hui, tu es parole retrouvée, flamme choyée…

©Véronique Bonnet

Fût-il essentiel

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Choisis une marche dans l’escalier qui mène au jardin,   

Il y a toujours une marche vers un jardin…

Au creux d’un moment vert qui n’était pas annoncé.

Tout est ouvert …

Pose au loin ton  regard dans cet espace qui te reçoit,

Et tes fesses sur la pierre fraîche. 

Les lavandes et la sauge, côte à côte,

Ont l’effluve vivace qui parle, 

Et les oiseaux, le piaillement chamailleur. 

Un ballon roule, rebondit dans un bruit mat jusqu’à tes pieds.

Il apparaît, là, dans le flottement, 

Le flacon jaune, qui tinte de la petite bille d’acier. 

La boule danse dans le couvercle décoré d’une illustration un peu désuète.

Souffle une bulle au travers de l’anneau, 

Et bats des cils…

C’est juste le temps nécessaire pour que l’air fasse tournoyer l’apparition,

Que le tigre passe le cercle de feu, 

Juste le temps nécessaire pour voir chatoyer les rondes d’enfance en arc en ciel,

Avant que la bulle n’éclate au bout du nez…

Le rire fuse : Te voilà reconnecté à ce futile essentiel,

Du coin des yeux, du fond du coeur…

Là, au fond du fauve,

Te voilà ! Face à ta tendresse!

Ce nid silencieux, tu peux le garder, 

Au sein du plus petit en toi,

Tant il est vrai que dehors,

-Même pas peur-

C’est parfois le vacarme inaudible et nuisible, 

Qui éteint l’essence et arrache un cri au cœur.

 

©Véronique Bonnet

 

 

 

Tendre, la main

 

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Le ciel est bleu provençal, d’une couleur claire sans nuage. Il fait tellement beau! Ça sent les herbes séchées et la langueur de l’été. Je regarde ce qui reste de pelouse devant, les plantes après la canicule. Je n’ai pas taillé les rosiers!  Tant mieux , je vais pouvoir goûter ses fruits dont on cherchait le nom, l’autre jour… les cynorhodons… Ils sont acidulés,  si riche en vitamines anti-oxydantes a t-on lu. La nature est surprenant de ressources  . Les grandes marguerites jaune ont fini par sortir au dessus du massif et l’onagre à côté, à l’air d’un grand chandelier tout maigre … A côté du banc, le massif odorant du romarin et d’autres plantes s’enchevêtrent …

Je respire;  j’ai  toujours aimé planter un jardin aromatique quand j’arrive sur un bout de terre… et m’y promener le nez au vent. La cloche à côté retendit . J’entends des cris, des exclamations . Les jeux de cour d’école, j’en sens le parfum tout-à-coup… Envie de me réinitialiser en deux minutes… avant de reprendre …
Abracadabra ! Ça apparait comme un jeu d’enfant…

Elle est là, la journée, craquante d’herbe sèche, bourdonnante d’ennui…
« Il n’y a rien faire », disent les petits . Le hamac, en silence, invite au balancement, au milieu du verger. Je m’y assoie machinalement.

Et déjà, en silence le balancement reprend, et propose de ne rien faire…

C’est trop tentant… Rien à faire, le pied qui touchait encore le sol comprend qu’il est bon de prendre la main… et relance le bercement.

Le corps respire et comprend «  ne rien faire »…

Mais ne rien faire, ce n’est pas rien ! Le corps respire dans cet espace qui le reçoit ! Il peut se poser là, se sentir osciller comme la tige au vent doux. L’arrosage automatique chuinte entre les sillons de salades. Les tomates sont de toutes les couleurs. De loin, les regard circule sur ce jardin… Le corps peut humer et s’enivrer de menthe, et de thym, des parfums capiteux des lys blancs et or, de la fraîcheur du potager, des feuilles de tilleul.  Peut-être que la bouche va croquer une de ces  mirabelles dorées qui viennent d’être cueillies, peut-être pas

Laisse donc s’emplir la poitrine d’aise, laisse la s’ouvrir pour libérer l’oiseau intérieur, toute cette respiration si légère que tu pourrais t’envoler…

Le jardin met les sens en éveil, et diffuse un parfum d’extraordinaire essentiel.

Alors vient ce moment où l’ennui se transforme en volupté. Inspire et expire, c’est la, tout en détente et en plénitude retrouvées! Le sourire intérieur s’étire et…

Le tour est joué!

 

©Véronique Bonnet

 

Bonjour à tous les lecteurs , ce petit texte en mode «  RÉINITIALISE -TOI !  »  sera sur le site d’Estelle de « L’atelier sous les feuilles » qui nous proposait d’écrire un article commençant par « abracadabra » et finissant par « le tour et joué »… Il est tentant de tester la formule !

https://lateliersouslesfeuilles.wordpress.com/2018/09/04/a-vos-claviers-9/

Dans le secret d’une journée de Printemps

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Le bruissement passe, 

D’un ou d’une…

Peut être une fine guêpe, ou alors un bourdon dans le vent chaud…

Laissez donc vos oreilles ouvertes, 

A d’autres vibrations entendues.

Sentez, ces parfums de  fleurs attirantes que vous ne voyez pas encore… 

Caressez lui le coin de la bouche

Et laisser le sourire faire apparaître la fossette, la douceur attendrir la pointe de sensualité,

Et la sensualité faire dresser l’essaim des désirs… 

Soupesez la proposition… 

Humer le parfum de lilas, ou peut-être, celui de l’ylang Ylang, et commencez à agiter le lac intérieur en profondeur.

Comment faire, dites-vous?

Ma foi, je n’en sais rien, on a rarement tous les ingrédients… 

Laissez -vous surprendre, improviser, par ce qui est là, jusqu’à  ce que la préparation chauffe.

Laissez frissonner  et rougir…

Alors, à bonne température – que vous seuls connaissez –

Laissez le mouvement lent délier les corps et la nudité nimber la nuit d’amour et de suaves paysages. 

À ce moment précis , et si vous  preniez un temps pour  laisser la guitare gratter la peau,

Amplir les coeurs brûlants?

Vous pourriez peut-être, de mouvements en mélanges, 

De sensations tutti frutti en dunes douces , en sable émouvant,

Vous laisser ravir par le parfum.

Sa présence est dense, puissante.

Prenez votre temps pour écouter alors la vibration agir, rugir , 

Et la vague venir de loin et éclabousser les corps.

©Véronique Bonnet

La lecture conjointe des deux sujets du mois m’a inspiré ce texte. C’est donc ma participation aux deux  défis suivants :

  • Pour : A vos claviers :  » Composer un texte sous la forme d’une recette qui ne se mange pas « , thème proposé par Estelle de  « L’atelier sous les feuilles ».
  • Pour : L’agenda ironique de mai : « NU, NUE, NUS, NUES…. déshabillez-vous! » , proposé par Valentyne de « La jument verte ».

Chant de pierres II

Elles sont ancrées dans la terre, et nous regardent depuis longtemps. Elles restent là…

Patientes, elles savent.

Elles murmurent encore… Ecoute …

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Prendre sa place,

Et être 

Laisser la vie s’écouler en soi

Comme une rivière confiante.

L’espace de quelques respirations,

Être vide du faire,

Disponible 

Et recevoir l’Etre,

Celui qui installe l’harmonie,

Qui réconcilie les contraires

Qui pose la respiration intérieure

Le flux naturel ressourçant.

Au lieu des pensées circulaires.

Ce sont des bribes, des fragments qui flottent, s’avancent, s’agencent

Comme des brins naturels d’ADN 

Tout en nouveauté, créativité. 

Fondu enchaîné, déchaîné et aimé.

Ami tapi

Lève-toi et crée ta vie.  

Si tu es bien réceptacle de ce qui est 

Alors tu recevras tout ce qui t’est nécessaire.

La petite voix s’entend au travers de ce tumulte 

C’est celle de ta justesse,

Prend le temps. 

Ressens, imprègne-toi peu à peu de ce bienfait. 

Laisse le corps revenir seul à son point d’équilibre.

Accepte ce qui est là, simplement : Ta vie.

 

©Véronique Bonnet

 

Chant de pierres

 

 

Elles sont ancrées dans la terre, et nous regardent depuis longtemps. Elles restent là…

Patientes, elles savent…supporter, tenir.

Je les contemple, et vois soudain les fardeaux, les doutes comme les pierres.

Faudrait-il les porter ou ressentir la route et tracer son chemin ?

Les bouger une à une, les soulever, pour vérifier si la réponse aux questions est inscrite au-dessous ?

C’est un vrai travail de titan que certains font.

D’autres restent sur le bord du chemin, découragés.

Un tel cherche des indices, un caillou qu’il sent dans la chaussure, et part comme un limier, un animal en forêt qui renifle son chemin.

Un autre vit à la force du poignet, ne s’épargne pas, soulève encore plus lourd,

En quête de reconnaissance. Qui sait de qui, de quoi?

Il en est d’autres qui découvrent et suivent des traces…

Et ils partent à la rencontre d’eux-mêmes.

Alors dans un élan naturel qui accompagne, comme un vent bienfaisant, ils ajustent la trajectoire.

Ils font un pas de côté, voire un pas dansé, présents à leur vie.

Qui sait, de l’équipe intérieure, de tous les petits personnages, qui est là au matin,

pour nous représenter ?

 

©Véronique Bonnet

Invisible

 

 

 

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Forêt de Brocéliande III

 

Il n’y a personne dans ces magnifiques forêts qui émanent la liberté.

La beauté de la nature s’exprime et nourrit l’espace de vie.

Elle est là à nous attendre…

Cette beauté, comme la poésie nous traversent.

Alors, elle rencontre l’être,

L’espace d’échange subtil s’ouvre,

Il a mille noms…

 

©Véronique Bonnet

 

 

 

Le hêtre du voyageur

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Forêt de Brocéliande II

 

Vois le sens de la présence,

La vie entre tes mains.

Embrasse la, comme font mes branches tendues vers la forêt

La mousse en étoiles, douce comme l’amour et les bras.

Voyageur, regarde : La vie est là, nue, forte.

Laisse tomber les choses anciennes, obsolètes.

Regarde comment se régénère la forêt.

Même les plus vieilles présences tombent,

Mais elles enseignent.

Et là, autour, les forces vives, partout, poussent.

Tu flottes, soudain, dans la confiance

Et ce chemin de forêt est une allée d’ogives,

Un temple étrange où les grands arbres sont les piliers qui annoncent

Le retour du sacré, du respect,

Au cœur des humains.

 

©Véronique Bonnet

 

 

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Hêtre du voyageur, forêt de Brocéliande

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temple

 

Le chêne de Guillotin

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Forêt de Brocéliande I

J’ai mille ans. Regarde ce que ça fait. 

– Tu es abîmé, comme guillotiné. 

– Ce sont les temps qui sont abimés. Plus de respect. Les pierres autour sont plus vieilles de moi. Quel respect ? La terre est plus vieille que moi, quel respect ? Je ne suis qu’un témoin parmi d’autres. Je raconte le temps passé plus que la vie.  

La nature est une porte : 

S’ouvrir à la nature des choses,

se décentrer de l’importance personnelle,

Retrouver l’humour,

Au centre de sa vie, présent à soi-même, l’humain a le choix.

 

©Véronique Bonnet

guillotin
Chêne de Guillottin, forêt de Brocélilande

 

 

 

L’agenda ironique : le cirque bleu de Chagall

Bon, je me lance… Voici ma participation  pour « Le cirque bleu de Chagall » dans le cadre de  l’agenda ironique avril 2018 organisé par « l’atelier sous les feuilles »

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(Le cirque bleu de  Chagall : source)

 

Au cœur de Paris,

Le chapiteau est en imperméable vermillon.

Il apparait comme dans un tour de magie.

Hop, le voilà, sur le terre plein ! Non pas un lapin !

Enfin une fantaisie au milieu des immeubles de la porte Maillot, et des beaux escarpins.

Le cirque Romanès !

C’est bien loin du business ou de la dame patronesse…

Il est tout beau, comme sorti du songe d’un petit à la fenêtre.

Les bâches sont ouvertes, rouges et bleues, en pleine ville,

Je m’approche, impressionnée comme une fillette,

Je suis la première, je m’avance encore.

Il fait noir dedans, je franchis l’entrée.

L’air sent la poussière et le cuir animal,

Le silence et le vide m’absorbent, mais au final,

Les yeux finissent par distinguer, pêle mêle

Harnais posés de côté, cordes savamment nouées, tabouret fait d’un sens interdit,

Table recouverte d’un patchwork indien, ou peut-être turc,

Et voilà le grand rideau orangé, doré et chamarré… les couleurs de  Chagall…

Mais il s’ouvre sur la piste sombre et les strapontins sont  vides. Encore un pas…

« J’arrive », dit l’inconnu, » je vous mets la lumière ! »

Clac ! clac ! J’avance encore… Et soudain… j’entre dans le cirque bleu,

Outremer comme le songe,

comme les étoiles de l’enfance, comme le tableau de Chagall…

J’entre dans le cirque multicolore, en plongeon de lune argentée,

Je pars en voyages lointains, juste là, sur la piste,

Je m’étire en entrechats impossibles,

J’entends les rugissements, les galops élégants de ces chevaux verts sans nuls autres pareils,

L’air se fend de coups de cravache qui ouvrent la sarabande,

Le pantalon de Mr Loyal passe, la jupe gitane ondule et le tambourin sautille,

Le clown triste dessine enfin son sourire,

L’écuyère en tutu scintillant virevolte et s’allonge en poisson chat,

Les danseurs rougeoient sous les yeux médusés,

Les couleurs métamorphosées se dorent aux rampes,

Le temps d’un numéro, dans l’espace-temps survolté, le temps de la lumière,

C’est mieux qu’une prière.

Et toujours, pourtant, le noir attend les artistes transfigurés, là, juste derrière…

Triste vérité sous le chatoyant du rideau, le sourire dessiné se lasse, s’efface.

Rouge patiné reste le sol, de toutes ces fêtes, de tous ces souvenirs,

Rouge palpitant est le cœur aimant de tous ces enfants, petits et grands

Qui passent la porte toute simple du cirque bleu…trouver l’abri du rire.

 

©Véronique Bonnet

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Poussière de rêve

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Je suis dans un grain de sable et je vois le grand pied qui peut me fouler.

Je lève les yeux : un géant se tient devant moi.

Je suis un grain de sable, une poussière devant lui… Invisible…

Comment se sentir présente et invisible ?

Présente et pas importante, c’est évident…

Comment le géant connaîtrait-il tous les grains de sable ?

Et puis le rêve dilue le grain en un souffle qui m’incite à croire en lui.

Je le suis… Je me meurs,

Non, je me meus, dans un mouvement d’insondable matière,

Un informe en mouvement.

Le souffle m’accompagne, me pousse vers le haut.

C’est une montée dans une cheminée de lumière,

Encore et encore, je ne suis plus rien et le souffle me dissipe.

Dans une volute, je prends la forme du géant dans lequel j’étais entré semble-t-il.

Alors j’entends cette phrase :  « Ainsi, tu peux voir que tu es en Dieu et que Dieu est en toi. »

 

Entre forme et informe, visible et invisible, quelles perspectives… Qui sait ?

 

©Véronique Bonnet