Chant de pierres

 

 

Elles sont ancrées dans la terre, et nous regardent depuis longtemps. Elles restent là…

Patientes, elles savent…supporter, tenir.

Je les contemple, et vois soudain les fardeaux, les doutes comme les pierres.

Faudrait-il les porter ou ressentir la route et tracer son chemin ?

Les bouger une à une, les soulever, pour vérifier si la réponse aux questions est inscrite au-dessous ?

C’est un vrai travail de titan que certains font.

D’autres restent sur le bord du chemin, découragés.

Un tel cherche des indices, un caillou qu’il sent dans la chaussure, et part comme un limier, un animal en forêt qui renifle son chemin.

Un autre vit à la force du poignet, ne s’épargne pas, soulève encore plus lourd,

En quête de reconnaissance. Qui sait de qui, de quoi?

Il en est d’autres qui découvrent et suivent des traces…

Et ils partent à la rencontre d’eux-mêmes.

Alors dans un élan naturel qui accompagne, comme un vent bienfaisant, ils ajustent la trajectoire.

Ils font un pas de côté, voire un pas dansé, présents à leur vie.

Qui sait, de l’équipe intérieure, de tous les petits personnages, qui est là au matin,

pour nous représenter ?

 

©Véronique Bonnet

Poussière de rêve

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Je suis dans un grain de sable et je vois le grand pied qui peut me fouler.

Je lève les yeux : un géant se tient devant moi.

Je suis un grain de sable, une poussière devant lui… Invisible…

Comment se sentir présente et invisible ?

Présente et pas importante, c’est évident…

Comment le géant connaîtrait-il tous les grains de sable ?

Et puis le rêve dilue le grain en un souffle qui m’incite à croire en lui.

Je le suis… Je me meurs,

Non, je me meus, dans un mouvement d’insondable matière,

Un informe en mouvement.

Le souffle m’accompagne, me pousse vers le haut.

C’est une montée dans une cheminée de lumière,

Encore et encore, je ne suis plus rien et le souffle me dissipe.

Dans une volute, je prends la forme du géant dans lequel j’étais entré semble-t-il.

Alors j’entends cette phrase :  « Ainsi, tu peux voir que tu es en Dieu et que Dieu est en toi. »

 

Entre forme et informe, visible et invisible, quelles perspectives… Qui sait ?

 

©Véronique Bonnet