Méditerranée en hiver

.

La colline autour s’enfle

Le vent balaie le passage

L’arbre dénudé dessine l’estampe

Ombres et racines comme un sillage.

©Véronique Bonnet 2021

Regarder les photos de vacances, et faire une poésie, c’est l’hiver 2021, en voyage domestiqué

Bleu Méditerranée je te vois

Voltige silencieuse

https://lmoreau-photographe.com/Photographe : Laurent Moreau


_______________________________________________________________________________

Et soudain, 

Débrayage… 

Le temps suspend son vol

Oui, le poète, c’est arrivé.

Ça nous laisse la bouche ouverte

La terre qui se dérobe, 

Qui s’exprime dans ses paradoxes, 

Elle, jusque là exploitée. 

Dedans, la respiration peine à ouvrir les poitrines

Et dehors, la nature croit, encore plus verte.

Le ciel renvoie son bleu le plus vif

Aux cœurs étonnés d’être encore frivoles,

Aux têtes en instance de tourner la page.

Déjà la nouvelle peau recouvre l’être dénudé.

C’est au poil dit un bénévole. 

L’aigle qu’on n’avait jamais vu par ici

Apprend le survol.

La respiration au corps défendant

Reprend sa place. 

Le temps s’écoule

Parle de patience et de regard élargi.

Implacable comme la goutte en trop. 

Les yeux encore surpris

Ou peut-être rougis,

Les hommes et les femmes écoutent les bruits de la nuit.

Ajustent là -dans l’échange –

Poreuses, 

Les membranes, en souplesse 

Qui respirent 

La vie généreuse. 

©Véronique Bonnet

Bleu

Une photo de mer,

Couleur,

Va et vient des vagues,

Patience de l’anneau qui garde le port

Et le souvenir des voyages.

©Véronique Bonnet

Bourgeons

Prends soin de ta peur,

Chéris-là dans ton coeur,

Jusqu’à ce qu’elle puisse éclore en germe de vie

Au lieu de mettre de l’ombre sur ton âme.

©Véronique Bonnet

Ecris

Écris

Écriture 

Ecrit tue

Écrit dure

Écritoire 

Écris-toi

Écris joie

Écris vain

Écris tout

Essuie tout

©Véronique Bonnet

Sensoriel

Energumène, maringouin et lambrusque schizophrène: c’est l’agenda ironique de mai!

Des draps blancs bleutés dans la lumière

Une chambre aux couleurs naissantes,

Les corps se réveillent en sensations pressantes

Qui descendent dans la chair,

En orange en rouge carmin,

Dans le clair-obscur du matin.

L’appel pour l’homme, la femme 

A laisser le naturel, le sensoriel, le pluriel, 

Prendre là, tout l’espace en jeu.

Le froissement du drap, 

Le premier chant d’oiseau

Le frisson juste après le baiser furtif, 

Un soupir,

Le miaulement des chats, les griffes sur le fauteuil en osier

-Arrêtez, espèces d’énergumènes ! 

Le ron-ron qui approche.

Les corps, doucement se sentent, se mêlent, 

Se dissolvent, se résolvent, 

Vers de schizophrènes scènes

Zappent vers de grandes contrées,

Aux images tendues vue d’avion, 

Dunes alanguies d’un pays lointain, 

Paysages verdoyants sans nom.

Champs de blés qui divaguent, 

Peaux léchées par les vagues, 

Plages sublimes où le maringoin vient s’échouer,

Vaincu par la chaleur torride et les embruns salés.

Tissus chamarrés de mille vies

D’ondulations en contorsions de lambrusques 

Les lianes courent sous la peau

Les sens, les corps et l’esprit en fusion,

C’est si beau

Quand la montagne rejoint la vallée, 

L’espace d’un calin

Dans un grand frisson,

Un plongeon opalin.

                                   ©Véronique Bonnet

Merci de votre passage ! Des mots inusités ne vous auront pas échappés : Ce texte est ma participation à l’agenda ironique de Mai, organisé par le blog de La plume fragile, et Laurence, de Palette d’expressions :

https://wordpress.com/read/blogs/138660189/posts/777

https://palettedexpressions.wordpress.com/2019/05/01/voici-le-mois-de-mai-agenda-ironique/comment-page-1/#comment-19938

En quoi cela consiste ? Écrire un texte, une ligne ou deux, ou plus si l’inspiration s’envole, sur un thème donné en essayant d’user d’une imagination florissante pour placer quelques mots ubuesques, méconnus ou peu usités dans notre vie de tous les jours.
Car, en mai, fais ce qu’il te plaît ! MAIS !… MAIS ! Un peu de folie fait toujours du bien à l’esprit. Ces mots ce mois-ci sont : énergumèneschizophrènemaringouinlambrusque

Instant d’équilibre

I

Quand la conscience du fil grandit,

Quand l’intérieur s’accorde, 

Et les liens se tissent au dehors,

Quand l’imaginaire dessine des ponts et des merveilles,

Des monts, et des cristaux,

Des terres à délices, des prémices d’Alice,

Quand le moment est capturé, non pas par une photo 

Mais par les filtres sensoriels et l’invisible subtil, 

L’instant peut alors se respirer

Et le corps s’allonger en étoile sur la pelouse…

Magique comme le violoncelle de Yo-Yo Ma jouant les suites de Bach…

Perdre la notion du temps n’est pas loin. 

Entre lâcher prise et discernement, 

Equilibriste de vie, 

Profite!

©Véronique Bonnet


suites pour violoncelle seul de Bach

Traces

Le temps de me poser pour écrire ou lire m’a manqué ces temps-ci… Il fallait tracer, faire, suivre le mouvement trop rapide, s’oublier, jusqu’au warning, cet agacement qui me ramène à l’oscillation intime. Je reviens déposer une poésie du bourgeon, de l’émergence, face à la culture de l’urgence…

La neige fond, dévoile le bourgeon,

Et l’arrêt devient rideau de vie 

D’une nouvelle partition. 

Qui sait, souris! 

Ce matin, l’air se pare de parfum de toujours,

De ces petites fleurs blanches, invisibles 

Allez, monte à bord!    

Tout est là, émerveille encore

Qui sait l’animal animé 

D’un dessein fabuleux  

et d’un libre trésor  !

©Véronique Bonnet

Vue du Mont Mezenc, Auvergne

vue du Mont Mezenc, Auvergne

Clair hier

Vient ce temps 

En histoires contées 

Où les écureuils de guerre lasse 

Viennent partager leurs fantasques récoltes.

De la découverte du fruit nouveau

Au cœur de la froidure

Au bord des chemins, 

Jusqu’aux sauts de rivières grondantes et cailloux trébuchants,

Caresse d’arbres

Echos d’été, sous-bois  de champignons, 

Craquantes noisettes et traces de neige

Bleus de ciels intemporels,

Intempéries et douceurs de lune rousse

Fondus de soleils rouges, 

Camaïeux hérissés de sapins de montagne,

Etoiles de mousse, 

Vents passés déchaînés 

Et printemps avenir.

Sous l’arc en ciel dégagé du paysage compassé,

Le feu apparaît.

D’un orange chuchoté, 

Il crépite dans la clairière, 

Au milieu des danses de vie

Des panaches et des crinières.

Tourments d’amour, solitude glacée, 

Passions chimères, liens cendrés, 

Font aussi la flamme apaisée! 

Les animaux tombent d’accord :

« Le meilleur moyen d’éviter la chute des cheveux, c’est de faire un pas de côté. »

©Véronique Bonnet


Bonjour! Voici donc ce petit texte pour l’agenda ironique de Février, tenu  par Ecri ‘Turbulente. http://ecriturbulente.com/2019/02/19/lagenda-ironique-meme-pas-en-reve/

Le jeu d’écriture proposé :

Après beaucoup de péripéties (mais lesquelles ?) on me propose de rêver le rêve absolu.
Comment en est-on arrivé là ?

Eugène Ionesco – Journal en miettes

Au pied de la lettre, imaginez ces péripéties chargées d’un puissant magnétisme onirique, rêves de réalités de plus en plus intenses.

Rêver pour de vrai, jusqu’au rêve absolu.

Seule une « petite » contrainte : votre texte devra se terminer par cette phrase de Groucho Marx :

« Le meilleur moyen d’éviter la chute des cheveux, c’est de faire un pas de côté. »

Chut…

Eclipse de lune sur le lac Majeur, photo Alberto Negro, le 21/01/19

[

« On confond le monde et la vie »

Henri Gougaud



La vie ne s’écoute pas seulement dans le bruit que l’on fait…

Ecoute le silence, dit la lune

©Véronique Bonnet

L’une


Au cœur de la lune, 

Au clair de la nuit, 

Parlent les histoires de rhunes

Et les ressentis en pluie. 

La marionnette sent le fil de vie la traverser, 

Et le souffle la transformer en être de chair.

La chouette a donné sa plume, 

Et le feu reprend sa place

Là, dans la poitrine,

Dans le cœur de la femme.

Le bois crépite et fume 

Dans le silence de la nuit

En écho aux palmas des musiciens

Les flammes dansent et appellent le lien de vie. 

La robe à volants, la chevelure libre,  

Épousent le mouvement de la flamenca.

La gitane aux mains ondulantes 

Danse avec son ombre.

Je la vois, là…

Le rythme et le son résonnent encore dans mon ventre, 

Ramenant, les pieds, le corps à la force de la terre, à la poussière qui vole

Et les vibrations se font comprendre 

Aux confins de l’être voyageur, dans les zones brûlantes et folles. 

Au cœur de la lune

Au clair de la nuit

Dansent, dansent les brumes

Et la lumière des cœurs éblouit. 

Au cœur de la lune

Au creux de la nuit 

Dans la chaleur de nos bras, 

La danse à deux, le monde en folie

Et la lune luit.

©Véronique Bonnet

Soie?

Je garde un fil…

Au fil du rasoir, mon train,

Au fil de la course,

Je garde un fil…

Le long du paradoxe,

Je garde un fil 

Qui relie mot et âme.

Quel fil garder ?

Je regarde le film,

Je lis les mails, je jette les spams.

A genou, je me sens,

En boule dans une penderie

En drôle de causerie.

Je tire les mailles du fil de soi,

Débobine, rembobine, 

Tisse, et métisse.

Perd et manque,

Vertige consumé.

Les jeux sont-ils faits ?

Pas si lisse, pas si vite…

Déployées, assemblées dans le hasard,

Sont les vibrations, les vies cousues main.

©Véronique Bonnet

Voilà l’horizon

`


La géométrie fine tranche le vertigineux camaïeux.

Entre ciel et mer émergent la netteté d’un mât, d’une voile.

Il vient à l’esprit songeur une étrange poésie…

L’homme trace les limites de la nature. 

Il dessine et magnifie les paysages, 

Il crayonne lignes et contours des plages.

Il plante, taille, construit mais laisse flotter les emballages.

Plus belles seront les vacances en absence de pluie.

Il mélange les sons, les odeurs, et goûte à tout. 

Il veut posséder le temps, a une trajectoire de fou` 

Quand l’environnement est rythme de vie.

Il aime à repousser ses limites mais contrôle celles de la nature,

Quitte à stériliser la terre qui le porte.

Il embauche les meilleurs financiers pour ses factures

Mais ne sait pas compter les réserves naturelles.

Mais le paradoxal, c’est « tout le monde et personne »…

Alors,  changement ou lettre morte ?

©Véronique Bonnet

Un jour, une nuit

Nulle part, partout,

j’arrache les mauvaises herbes,

Celles qui étouffent.

Et je découvre la fleur vivace. 

Je laisse monter le début d’un chant,

C’est un bourdonnement bienveillant.

Je réponds :  » présente  » à la vie.

     ©Véronique Bonnet

Fût-il essentiel

29072012_3 copie

 

Choisis une marche dans l’escalier qui mène au jardin,   

Il y a toujours une marche vers un jardin…

Au creux d’un moment vert qui n’était pas annoncé.

Tout est ouvert …

Pose au loin ton  regard dans cet espace qui te reçoit,

Et tes fesses sur la pierre fraîche. 

Les lavandes et la sauge, côte à côte,

Ont l’effluve vivace qui parle, 

Et les oiseaux, le piaillement chamailleur. 

Un ballon roule, rebondit dans un bruit mat jusqu’à tes pieds.

Il apparaît, là, dans le flottement, 

Le flacon jaune, qui tinte de la petite bille d’acier. 

La boule danse dans le couvercle décoré d’une illustration un peu désuète.

Souffle une bulle au travers de l’anneau, 

Et bats des cils…

C’est juste le temps nécessaire pour que l’air fasse tournoyer l’apparition,

Que le tigre passe le cercle de feu, 

Juste le temps nécessaire pour voir chatoyer les rondes d’enfance en arc en ciel,

Avant que la bulle n’éclate au bout du nez…

Le rire fuse : Te voilà reconnecté à ce futile essentiel,

Du coin des yeux, du fond du coeur…

Là, au fond du fauve,

Te voilà ! Face à ta tendresse!

Ce nid silencieux, tu peux le garder, 

Au sein du plus petit en toi,

Tant il est vrai que dehors,

-Même pas peur-

C’est parfois le vacarme inaudible et nuisible, 

Qui éteint l’essence et arrache un cri au cœur.

 

©Véronique Bonnet

 

 

 

Chant de pierres II

Elles sont ancrées dans la terre, et nous regardent depuis longtemps. Elles restent là…

Patientes, elles savent.

Elles murmurent encore… Ecoute …

2018-05-02 12.09.51

Prendre sa place,

Et être 

Laisser la vie s’écouler en soi

Comme une rivière confiante.

L’espace de quelques respirations,

Être vide du faire,

Disponible 

Et recevoir l’Etre,

Celui qui installe l’harmonie,

Qui réconcilie les contraires

Qui pose la respiration intérieure

Le flux naturel ressourçant.

Au lieu des pensées circulaires.

Ce sont des bribes, des fragments qui flottent, s’avancent, s’agencent

Comme des brins naturels d’ADN 

Tout en nouveauté, créativité. 

Fondu enchaîné, déchaîné et aimé.

Ami tapi

Lève-toi et crée ta vie.  

Si tu es bien réceptacle de ce qui est 

Alors tu recevras tout ce qui t’est nécessaire.

La petite voix s’entend au travers de ce tumulte 

C’est celle de ta justesse,

Prend le temps. 

Ressens, imprègne-toi peu à peu de ce bienfait. 

Laisse le corps revenir seul à son point d’équilibre.

Accepte ce qui est là, simplement : Ta vie.

 

©Véronique Bonnet

 

Chant de pierres

 

 

Elles sont ancrées dans la terre, et nous regardent depuis longtemps. Elles restent là…

Patientes, elles savent…supporter, tenir.

Je les contemple, et vois soudain les fardeaux, les doutes comme les pierres.

Faudrait-il les porter ou ressentir la route et tracer son chemin ?

Les bouger une à une, les soulever, pour vérifier si la réponse aux questions est inscrite au-dessous ?

C’est un vrai travail de titan que certains font.

D’autres restent sur le bord du chemin, découragés.

Un tel cherche des indices, un caillou qu’il sent dans la chaussure, et part comme un limier, un animal en forêt qui renifle son chemin.

Un autre vit à la force du poignet, ne s’épargne pas, soulève encore plus lourd,

En quête de reconnaissance. Qui sait de qui, de quoi?

Il en est d’autres qui découvrent et suivent des traces…

Et ils partent à la rencontre d’eux-mêmes.

Alors dans un élan naturel qui accompagne, comme un vent bienfaisant, ils ajustent la trajectoire.

Ils font un pas de côté, voire un pas dansé, présents à leur vie.

Qui sait, de l’équipe intérieure, de tous les petits personnages, qui est là au matin,

pour nous représenter ?

 

©Véronique Bonnet

Le hêtre du voyageur

mises le 120816 130

Forêt de Brocéliande II

 

Vois le sens de la présence,

La vie entre tes mains.

Embrasse la, comme font mes branches tendues vers la forêt

La mousse en étoiles, douce comme l’amour et les bras.

Voyageur, regarde : La vie est là, nue, forte.

Laisse tomber les choses anciennes, obsolètes.

Regarde comment se régénère la forêt.

Même les plus vieilles présences tombent,

Mais elles enseignent.

Et là, autour, les forces vives, partout, poussent.

Tu flottes, soudain, dans la confiance

Et ce chemin de forêt est une allée d’ogives,

Un temple étrange où les grands arbres sont les piliers qui annoncent

Le retour du sacré, du respect,

Au cœur des humains.

 

©Véronique Bonnet

 

 

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Hêtre du voyageur, forêt de Brocéliande

mises le 120816 117

 

temple

 

Le chêne de Guillotin

mises le 120816 119

Forêt de Brocéliande I

J’ai mille ans. Regarde ce que ça fait. 

– Tu es abîmé, comme guillotiné. 

– Ce sont les temps qui sont abimés. Plus de respect. Les pierres autour sont plus vieilles de moi. Quel respect ? La terre est plus vieille que moi, quel respect ? Je ne suis qu’un témoin parmi d’autres. Je raconte le temps passé plus que la vie.  

La nature est une porte : 

S’ouvrir à la nature des choses,

se décentrer de l’importance personnelle,

Retrouver l’humour,

Au centre de sa vie, présent à soi-même, l’humain a le choix.

 

©Véronique Bonnet

guillotin
Chêne de Guillottin, forêt de Brocélilande

 

 

 

Poussière de rêve

IMG_0368

 

Je suis dans un grain de sable et je vois le grand pied qui peut me fouler.

Je lève les yeux : un géant se tient devant moi.

Je suis un grain de sable, une poussière devant lui… Invisible…

Comment se sentir présente et invisible ?

Présente et pas importante, c’est évident…

Comment le géant connaîtrait-il tous les grains de sable ?

Et puis le rêve dilue le grain en un souffle qui m’incite à croire en lui.

Je le suis… Je me meurs,

Non, je me meus, dans un mouvement d’insondable matière,

Un informe en mouvement.

Le souffle m’accompagne, me pousse vers le haut.

C’est une montée dans une cheminée de lumière,

Encore et encore, je ne suis plus rien et le souffle me dissipe.

Dans une volute, je prends la forme du géant dans lequel j’étais entré semble-t-il.

Alors j’entends cette phrase :  « Ainsi, tu peux voir que tu es en Dieu et que Dieu est en toi. »

 

Entre forme et informe, visible et invisible, quelles perspectives… Qui sait ?

 

©Véronique Bonnet