Poussière de rêve

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Je suis dans un grain de sable et je vois le grand pied qui peut me fouler.

Je lève les yeux : un géant se tient devant moi.

Je suis un grain de sable, une poussière devant lui… Invisible…

Comment se sentir présente et invisible ?

Présente et pas importante, c’est évident…

Comment le géant connaîtrait-il tous les grains de sable ?

Et puis le rêve dilue le grain en un souffle qui m’incite à croire en lui.

Je le suis… Je me meurs,

Non, je me meus, dans un mouvement d’insondable matière,

Un informe en mouvement.

Le souffle m’accompagne, me pousse vers le haut.

C’est une montée dans une cheminée de lumière,

Encore et encore, je ne suis plus rien et le souffle me dissipe.

Dans une volute, je prends la forme du géant dans lequel j’étais entré semble-t-il.

Alors j’entends cette phrase :  « Ainsi, tu peux voir que tu es en Dieu et que Dieu est en toi. »

 

Entre forme et informe, visible et invisible, quelles perspectives… Qui sait ?

 

©Véronique Bonnet

 

 

 

 

Fenêtre paradoxale

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Scène : un château de campagne dans son jus, peu rénové… Je vois les douves pleines de nénuphars et la campagne verte autour, depuis la fenêtre ornée de bois peint couleur parme. Le désuet me fait sourire, mais ça fonctionne. C’est juste très charmant et ça me touche…

Mon imaginaire se glisse dans une main fine au dos couvert de dentelles blanches précieuses. La femme écrit, lève les yeux de temps à autre, et dans son décolleté, la poitrine respire d’aise devant la nature splendide de fin d’été. Elle dit tout son détachement de la vie citadine…

Un autre regard y verrait tout aussi bien le calme pesant, l’immobilité séculaire angoissante de ce lieu (et c’est plutôt le deuxième retour que me fait mon fils quand je lui décris l’endroit).

Pour moi, c’est un splendide décor de film et d’Histoire, et, celui d’un magnifique mariage pour lequel j’étais invitée la veille. Que de beaux moments conviviaux, intimes aux chandelles, puis débordants, pêle-mêle, de bulles de champagne, de sourires, de joie, de pas de danse, de bras enlacés…

Dans la vie de tous les jours, notre soit-disant rationalité est souvent battue en brèche par un bricolage de suppositions, d’émotions, d’imaginaire. Ce sont autant de propositions qui éloignent une discussion de la réalité. Mais de quelle réalité parle t-on? Je vous en ai écrit une, mais elle dépend de mon contexte …

Dès le lundi matin, je croise une connaissance alors que je me pressais pour attraper le RER. On se sourit. Elle me dit, avant même que je n’aie eu le temps de lui dire bonjour :

 » Tu n’as pas l’air en forme, tu as mauvaise mine ».

Il est vrai que j’avais bien fais la fête.

Et en regardant fixement mon sac (qui contenait mes affaires de danse), elle dit :  » Et tu as l’air d’être débordée de travail « . L’espace de quelques secondes, je me sens chargée d’un fardeau, d’un découragement…le sien, j’ai l’impression…

Au bord des lèvres, la question s’évanouit, remplacée par le rire, et tout en reprenant la marche – histoire de sortir de l’une de ces trop nombreuses suppositions plombantes – j’opte pour un :

 » Ah non, là je pars danser ! »

En face, la question s’évanouit aussi.

 

Oui, je vous fais une confidence… je ne suis pas une femme tronc derrière un bureau… Je danse, je m’amuse, et la vie est belle…

©Véronique Bonnet

Les forces imaginantes

 

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A côté de la réalité et de ses représentations, Bachelard fait la proposition de la vertu créatrice de l’imaginaire.

Il ouvre à une présence singulière, un regard alterne, entre soi et le monde. François Roustang parle de « perceptude », Hegel « d’âme sentante » qu’il oppose à « l’entendement ».

La poésie et l’art germent probablement de ces moments…  qui tissent entre intérieur et extérieur…

« Les forces imaginantes de notre esprit se développent sur deux axes très différents.

Les unes trouvent leur essor devant la nouveauté ; elles s’amusent du pittoresque, de la variété, de l’évènement inattendu. L’imagination qu’elles animent a toujours un printemps à décrire. Dans la nature, loin de nous, déjà vivantes, elles produisent des fleurs.

Les autres forces imaginantes creusent le fond de l’être ; elles veulent trouver dans l’être, à la fois, le primitif et l’éternel. Elles dominent la saison et l’histoire. Dans la nature, en nous et hors de nous, elles produisent des germes ; des germes où la forme est enfoncée dans une substance, où la forme est interne. »

 Gaston Bachelard

L’eau et les rêves

 

 

Petite boule de terre

 

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                                                                                         Dessin : © A.C

Méditation : suggestion de pratique

 

Il est des questions que j’aime bien poser dans l’écoute intérieure. Je m’assoie, et je médite.

Au moins, j’arrête de soumettre trop de pensées à l’intellect disséquant, jugeant (qui voudra trop contrôler,  normaliser ) ou pour éviter que mon émotion, ma réactivité ne les réduisent en charpie.

L’espace intérieur reçoit, sécurise.

Et je laisse le temps au processus, en acceptant la possibilité qu’il ne se passe rien… Mais la nature a horreur du vide… le bourgeon va se transformer…

Je me laisse plonger  dans le sensoriel. Je repose la question au bout d’un moment.  L’insondable peut créer une forme, comme une petite boule de terre (par exemple, ou une couleur, ou tout autre chose) qui rejoindra le bloc à manier plus globalement, ensuite. Ça respire plus…  Le sensoriel change… le corps aussi.

Il fait l’expérience de la présence.

Une toute petite action adéquate devient plus facile à poser ensuite. Elle est indispensable pour matérialiser ce début de cheminement. 

La tête sait souvent mais c’est le corps qui doit faire une expérience sensorielle pour assimiler, à sa vitesse, comme le dit Eric Bardot à propos de l’hypnose médicale.

Le quotidien propose de nombreuses fascinations qui nous absorbent, ce n’est pas de l’hypnose.

L’espace-temps hypnotique, la méditation sont des processus naturels du vivant où l’on sollicite un mouvement.

 

La poésie et l’art, comme « forces imaginantes », se mêlent là, dans ces paysages aux confins inconnus, ça m’interroge …

 ©Véronique Bonnet

 

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Dessin A.C

Rêveur

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Dans le silence de la nuit

Glissent les pas du rêveur

Comme ceux d’un acteur

Dans le théâtre d’un temps éphémère.

Danse étrange, battement de cils,

Ombres portées intérieures

Musique des éléments

Stores instrumentistes.

Les possibles se devinent

Se mettent en forme, s’étirent et vire voltent.

Nocturnes artistes, étoiles moirées, clowns tristes,

Se télescopent dans l’humour et l’intime de la chambre

Sous les paupières closes.

 

©Véronique Bonnet

 

 

Coeur de vie

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Emoi et moi… Histoires des petits moi ( épisode 1)

 Le glacier fond et roulent les monceaux de débris,

La moraine de la vie, les cailloux de mes chemins.

En descente ou en montée, la balade vaut le détour,

Moi l’amour, je suis pour. 

Dans les décombres de la susceptibilité, du doute, des peurs, des désirs, 

Le cœur palpitant, impatient même, attend l’heure,

Celle de la découverte,

D’une aurore boréale, bref, l’espoir d’y voir clair…

En attendant, il éblaie l’inutile, le clinquant, le souffreteux, la chimère,

l’idéal, pour échapper à la perte 

et garder la voie ouverte. 

 

  ©Véronique Bonnet

 

Chante de là où tu es

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Regarder comment les choses s’ordonnent naturellement quand on fait avec la vie.

Travailler, écrire dans ce sens…

Plonger dans des parcelles profondes et remonter des bribes de  poésie. C’est un état perceptif, intuitif, pas intellectuel.

Écrire, libérer….

Écrire, c’est peut-être aimer partager l’intime, ou peut-être le faire résonner ou même faire éprouver ou éclore chez l’autre. Partager…

Mais de toutes ces histoires, il ne restera que l’amour. Qui sait?

C’est ce que je me suis dis, en écoutant Jacques Higelin.

 

 

 » Une chanson, c’est populaire, il faut toucher l’émotion pure et on ne l’atteint jamais par la force ou la démonstration, mais par l’abandon de soi, la confiance, l’approfondissement, en se laissant envahir, en cherchant à l’intérieur ». 

Jacques Higelin

 

 

 

 

 

 

« Je suis mort, qui qui dit mieux? »

 

 

©Véronique Bonnet

Réveil

 

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En vibration claire, ce matin, 

Le pouillot véloce se balance. 

Direct, puissant,  le chant du petit oiseau résonne  jusqu’au tréfond,

Et touche soudain la cible mouvante…

L’oreille s’ouvre, et peut entendre, encore une fois… peut-être…

Les remous grondants se diffractent dans le corps palpitant…

Les griffes enterrent l’ombre insoumise

Et  la peau frissonne de la caresse d’une plume…

Un libre bouquet de parfums

Emane les couleurs d’un châle nomade.

D’étranges fleurs gitanes emmêlées,

À la lumière traversante de racines,

Sont déposées sur la table…

Le bois délavé  se remet juste d’un hiver éprouvant,

Les écailles de la peinture blanche révèlent la trame,

La peau du bois tendre.

Sur les cendres encore chaudes

Le feu se ravive, déjà confiant? 

Un souffle de rien passe… 

Mais n’est-ce pas tout? Qui sait…

 Il embrase les ventres,

les coeurs s’apaisent, 

et les corps s’enlacent.

Il passe et repasse, ce parfum d’amour…

L’animal, à côté, se repait, se lèche et s’allonge lascivement. 

Il regarde la femme, effrontément, intensément. 

Et ses yeux se tournent vers l’amant. 

 

©Véronique Bonnet

 

 

Un bruit de balançoire

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La tonnelle sent bon la peau du raisin vert

Et le soleil est tout près du canal du midi.

Elle l’entend encore, grincer,

La balançoire.

Elle sent encore l’oscillation, 

La corde qui chauffe les paumes,

Le frisson du dos qui part vers le vide en arrière

Pour aller chercher de la vitesse,

Un vertige, une première ivresse.

Si seulement les cheveux pouvaient suivre le vent…

 

©Véronique Bonnet

 

Un bruit de balançoire de Christian BOBIN  : 
Tout est bijou dans ce livre qui me fait défaillir de tendresse… mais pas que…
En voici un extrait, qu’en pensez-vous? 

« Ma main droite se détache de moi. Elle ouvre un livre de Ryokan : un poème écrit au septième mois de l’année 1830. Il dit qu’il est malade, qu’il ne mange plus, qu’il dort mal. Ma main se pose sur son front pour le guérir. Je crois que j’ai toujours écrit pour sauver quelque chose ou quelqu’un. Les lettres arrivent toujours à leur destinataire, même quand on ne les envoie  pas, ou que leur destinataire n’est plus.

Les calligraphies de Ryokan ressemblent à ces filaments qui apparaissent entre le monde et nous, quand nous pressons nos pouces sur nos paupières closes.

Alors c’est vrai que désormais on ne verra plus d’écriture manuscrite, plus de main humaine qui danse, nulle part, c’est vrai? » 

 

« Je rêve d’une écriture qui ne ferait pas plus de bruit qu’un rayon de soleil heurtant un verre d’eau fraiche. Ils ont ça, au Japon. « 

 

Grrrrr

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Grrr

Les infos, que je m’étais promise de ne plus écouter, terminent par un ton badin que démentit le contenu:
 » Et puis, une dernière info : les oiseaux seraient moins nombreux de 50%, cette année, selon un très sérieux comptage de l’institut … »

Fondu enchaîné sur un thème musical guimauve, pendant que mon esprit vrille et se déchaîne. Il commence le décompte :

Les abeilles (traitées en bio)  : moins nombreuses de 50 à 75 % aussi  en ce début de Printemps !!!

et Nicolas Hulot va réintroduire symboliquement deux ours femelles dans les Pyrénées  » pour ne pas être le ministre qui a laissé disparaître les ours « …
Donner pour les ours. C’était le premier acte écologique de la petite girondine idéaliste que j’étais. Et aujourd’hui retour à la case départ, la cause étendard sort, parce que c’est l’émotion qui fait agir.

Mais agir sur quoi? Bientôt les nounours seront comme la girafe Sophie, relégués au rang de jouets…

L’idée impensable fond dans nos esprits, comme la banquise.
Non, c’est plus fort que nous, il faut croître… Lutter contre la destruction de la planète, ça nous dépasse. Les responsabilités sont si bien tissées qu’elles nous ficèlent les uns aux autres.
Et nous partons ailleurs, en voyage, dans nos activités diverses et variées, dans des systèmes qui demanderont récompense, d’autres voyages et d’autres trucs à faire. Les paradoxes nous maintiennent en confusion, en émotion, en dissociation, en illusion de contrôle…

Le faire plus que l’être… Nous en tombons parfois malades. Prédation, te revoilà, nous devenons plus faciles à manger!!! Immobiles, devant de trop grandes tâches que voilà devant nous …

« Le miel de Printemps cette année va être rare, faute de Printemps ».
Je vous la fais en brève de comptoir.

La faute à la croissance, fille de la peur du vide.

Je ne peux que me regarder dans le miroir… je ne peux agir que sur moi… et encore… suis-je impuissante, ou vaniteuse?

Et pourtant, il se profile, il se faufile le rêve, dans le tissu à repriser de nos sociétés… Et les « forces imaginantes de l’esprit »  (Bachelard) sont créatrices de réalité et de présence renouvelées . 

Ça aussi, c’est plus fort que nous!! C’est la vie et ça fait du bien!

Ces râleries, comme une volée de bois vert en ce Printemps, merci de les avoir lues ! Belle journée à vous!

©Véronique Bonnet

 

Désir et présence

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                                                                      Graphiste illustration : Aurélien Cattin

 

Le désir comme un lac asséché réclame de l’eau à tout prix. 

Où sont passés, son parfum fort et entêtant, sa couleur tapageuse des premiers temps,

Les bruits assourdissants ? Qui le sait ?

Maintenant, c’est un lieu privé de sa source, aux failles lézardant le fond. 

Les échos sont glauques et la pensée tourne en rond,

A la recherche du temps des baigneurs, des peaux chauffées par le soleil,

des rires insouciants, des coupes débordantes.

On ne sait plus qui est là.

Tant de vies traversent les êtres, tant d’êtres traversent les histoires…

Elles sont rivières grondantes, ruisseaux chantants, sources merveilleuses

Où la boue est si proche, parfois, de la splendeur émergeante du lotus. 

Qui sait les fractures du sol ou les changements de saison ?

Cœurs en perdition ou nouvelles partitions ?

Notes de brumes ou cornes d’abondance ?

 

Entre vivre et vivre ses désirs, qui sait où se situent :

Plaisir, choisir, mourir ? Ephémère ou éphéméride?

Tant de vies rencontrées, d’humeurs multiples, 

où chacune se vit en singulier. 

Oeil espiègle, ouvre-toi! 

Les portes sont nombreuses et les chemins sont de travers.

Qui sait la vibration qui emplit de présence, même dans les creux oscillants,

Dans les palpitants?

Pour aller dans la vie, chacun a ses rêves, ses envies, ses paris. 

C’est le trait d’un peintre, nature, cru, libre, sur une nouvelle toile.

C’est un nouveau rythme, une unité de mesure.

C’est la main qui protège la flamme précieuse, 

Une poitrine contre une autre,

Des souffles chauds mêlés et l’émotion partagée,

Celle d’une belle musique,

Celle d’être là.

Le désir de vivre oscille vers la présence.

Regarde là, qui sait, sinon toi ?

 

            ©Véronique Bonnet

            

 

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Messagers

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Les magnolias dans la douceur de l’air,

comme des montgolfières roses

S’envolent délicatement. 

Elles envoient des messages aux amoureux.

Quelque chose de la beauté qui élève le cœur, va leur plaire 

et les guider vers l’évidence de l’instant heureux. 

 

         ©  Véronique Bonnet

Poésies de l’antre-temps

Poesies de l-antre-temps

« Poésies de l’antre-temps » est disponible (2017) , aux éditions Edilivre ( papier ou numérique)

Un premier pas, encré sur papier, pour poser non pas le cri que je voulais pousser, mais l’élan de vie qui secoue, à partir de ces petites choses du quotidien qui réveillent.

J’ai fais une fausse manip et voilà que l’article, posé dans un coin du blog, se retrouve à la une !

Bon, je vais travailler la technique, mais pour aujourd’hui, je laisse le hasard semer !

 

 

Dans l’air

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Graphisme Aurélien Cattin)

 

Le printemps, ça n’a l’air de rien,
Ça commence par un parfum de fleurs fraîches le matin.
Une odeur de jeune herbe, une pousse duveteuse,
un bourgeon, un chant d’oiseau, un filet de clair soleil.
Tout en délicatesse, et pourtant porteur de la puissance de l’été. Respect pour ce sublime intime qui pointe.

Une bulle d’instant, au fil de la vie.
Quelle est cette corde qui sera coupée un jour par les Parques, au clair de la lune, au cœur de l’été… Qui sait?

Mon ami Pierrot, prête moi ta plume pour écrire les maux, jouer avec eux, décrire la vie, la joie d’être,
et suivre l’empreinte, jusqu’à cet étrange fleuve intérieur qui rejoint l’océan du grand tout.

Jusqu’où va t-il?
Si cela ressemble à un printemps, c’est parfait.

 

                             Véronique Bonnet

 

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Voir une nouvelle pousse, aléatoire,
Etre là le jour de l’ouverture de la fleur que l’on guettait,
C’est la surprise charmante et fraiche du matin.

 

                           Véronique Bonnet

 

          extraits de « Poésies de l’antre-temps » Ed Edilivre

          Graphisme : Aurélien Cattin

 

 

J’écris, c’est juste là… Qui sait?

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Je regarde les chats impassibles ,

Installés, l’un sur une chaise , l’autre sur le canapé.

Hier, ils étaient côte à côte , immobiles
et abandonnés au sommeil, comme deux sculptures jumelles.

D’humeur versatile,

Les chats apparaissent dans le calme de la maison comme des gardiens du temps,

Les gardiens d’une tendresse infinie, et pulsatile,

Les gardiens d’un temple étrange.

J’écris, je suis attirée par le fond.

Le fond de quoi? Le fond, là-dedans.

 

© Véronique Bonnet

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Temps à l’envers

 

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« Le temps est court », me dit ce matin une femme. Le temps, c’est aussi celui que l’on peut, ou que l’on veut s’accorder… Temps à l’envers, un pas dans ce sens…

 

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Cité universitaire,

Je sors du flot déversé par le train. 

Le quai est un paysage de béton,

où d’immenses dalles laissent passer un rayon puissant blanc

et un morceau de ciel pendu aux grilles. 

Cité universitaire, temps à l’envers 

Je remonte les escaliers,

Je prends un journal d’activités parisiennes,

Je l’espère plus fun que l’underground humide.

Cité universitaire, temps à l’envers

Dans le hall les guichetiers souriants font face aux machines capricieuses

Et aux grimaces des usagers pressés. 

Cité universitaire, temps à l’envers

Le verre coloré en façade se laisse traverser par la lumière et

L’horloge marque un temps

Qui semble suspendu dans le vide transparent. 

Je la vois côté pile,

Et l’envers du décor ouvre à une autre réalité.

Cité universitaire, temps à l’envers

Je franchis la sortie sous un soleil printanier

Et prends le tramway pour descendre quelques portes plus loin.

Cité universitaire, temps à l’envers

Je reprends mon sac,

Il tinte de cette ceinture qui bouge déjà de joie, 

Avant le voile, avant les hanches. 

Ce matin pas de travail mais de la danse

Cité universitaire, temps à l’envers.

Pile ou face, à toi de choisir !

 

                              ©   Véronique Bonnet

 

 

Résurgence

 

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Les souvenirs arrivent,

Ils sont à l’envers.

Les souvenirs arrivent,

Adoucis de la distance,

du grain de la photo, et parfois du noir noir et blanc.

Les souvenirs arrivent,

Dans la tendresse du temps présent.

Je décroche mon téléphone, et je t’appelle, au bout de quinze ans de silence,

Mon amie  d’enfance.

Sorties de la cour toutes les deux, nous rencontrons à présent nos petites filles intérieures.

Un inter-rieur tout simple, pourquoi tant de pudeur?

 

                                                        Véronique Bonnet

Jour en blanc

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La neige fraîche crisse sous les chaussures . Il fait frais, je me sens dans un univers sans couleur, tout effacé par le blanc .

Les flocons tombent des arbres avec un léger frous-frous d’ailes d’oiseau. L’air est feutré, presque mat.

Dans le jardin, je fais comme le chat : « Je contemple la neige et je suis là  » .

Puis j’enfile de vieilles bottes  et je pars au village . Ambiance 1930, tout le monde est à pied, à se faire des courtoisies. à marcher dans une atmosphère calme qui agrandit les rues . Les gens se saluent, se regardent, se sourient de voir les versions approximatives des uns et des autres, en bonnet de montagne sorti en hâte d’un fond de tiroir. Un autre temps!

Je continue vers la campagne. Je  marche sur la chaussée craquante de glace avec précaution. Pourtant,  je fais un vol plané à l’entrée de la ferme, sur une plaque gelée. Une femme qui nourrit ses chevaux juste à côté, se retourne, les bras chargés de foin. Elle engage la conversation. La paysanne en moi sourit.

Jour blanc!

Tout d’un coup la neige restaure la relation,

les sourires et la légèreté,

Et tout d’un coup la neige restaure la lenteur.

Et enfin , la fée d’hiver restaure le rythme,

Au prix de 700 km de bouchons en région parisienne.

Qui sait le prix du silence  ?

 

Véronique Bonnet

 

Poésie en cristal

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Dans la boule de cristal,

 

Dont on ne sait si elle est liquide ou solide,

 

L’œil est suspendu à la curieuse apparition du matin pâle.

 

Surpris de la beauté de l’éphémère

 

Et de la transparence de la matière, ils sont là,

 

Rosier de chagrin ou larmes de joie de la rose.

 

Qui sait la profondeur et les couleurs des gouttes de pluie suspendues aux feuilles ?

 

L’arc-en-ciel attend.

 

Véronique Bonnet

 

Et vice versa

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L’informe a besoin de la forme et vice versa.

Il  faut, dans le matériel, aussi de l’immatériel pour ne pas se laisser absorber, plomber, immobiliser …

De la matière pour ne pas s’éparpiller dans la vie, dans ses pensées, dans l’imaginaire,

De l’immatériel pour alléger, inventer, rêver,

Et de la matière pour en témoigner.

Au bord du chemin ou au bord du vide, se tient là l’écriture.

 

Véronique Bonnet