Pour l’agenda ironique de janvier, Janus, mois du passage, s’il en est, je vous demandais d’écrire un « road trip », une déambulation , seul(e) ou accompagné(e), dans une ville, connue, inconnue, imaginaire, terrestre, maritime, céleste… Vous pouviez choisir l’endroit que vous arpentez tous les jours, mais aussi le passé ou le futur. Vous pouviez vous inspirer du livre » les villes invisibles » d’Italo Calvino, ou pas trop... Bref, tout était possible! … mais… Les mots suivants devaient figurer : entrechat, rampe, jaquemart, topinambaulx, dents, dindon. Etle texte devait se finir par la célèbre phrase du petit prince « L’essentiel est invisible pour les yeux »
Neuf villes invisibles ont vu le jour! J’ai eu grand plaisir à les accueillir, dans leurs différences et dimensions singulières… Vous avez jusqu’à la fin du mois pour terminer de lire et choisir les 3 textes que vous préférez, que vous soyez participants au jeu ou lecteurs de passage (bienvenue à vous! ), et désigner le prochain organisateur pour février, à l’aide des SONDAGES TOUT EN BAS… A bientôt !
Voici Février et les résultats de notre sondage… : c’est donc le texte Laurence de Palettes d’expression qui est choisi en premier, suivi de Jobougon puis Carnets paresseux!
C’était une chouette récolte ! L’agenda continue ses pérégrinations en février : allez voir chez Jacou « les mots autographes », pour découvrir la nouvelle forme du mois, si Jacou veut bien prendre en charge l’organisation du nouvel AI!
Un grand merci et un grand bravo pour vos participations
La Giralta brillait dans le parc. Il se mit à chanter. Je cherchai quelques secondes la voix. Là sur la rampe de la lune, je le découvris, enfin, au cœur de la nuit.
Il se tourna vers moi, et je sentis son chant luire de tant de vies.
Les villes invisibles dans cette apparition, dans ce corps tendu vers les étoiles et ce coeur ouvert au don … Ça vibrait au fond des ombres. Je m’éclairais de mille vagues de reconnaissance, joyeuses, suspendues dans l’espace entre nous, étirées comme des entrechats. Je fis un pas lent vers lui encore. Sur le palais sévillan, les lions souriaient de toutes leurs dents. Les dindons et topinambaulx plantés de l’autre côté du mur, dansaient, car l’absurde fondait. Jaquemart magicien du temps descendit jusqu’au pied des orangers, au fil du diapason. La vibration convoquait à la fois, la larme en perle et le soleil qui sèche et éclaire, l’arc en ciel à partager.
Une magie bien subtile, le chant, la surprise et la présence…
Dingue, ding, dong, dis-donc mais ça résonne pas pour l’agenda ironique , c’t’ histoire?
Je n’en sais rien, l’essentiel est de participer et les sens-ciel invisibles pour les yeux.
guide vagabond de Rôme de Marco Lodoli, ed La fosse aux ours
« Ici Rôme se moque du temps qui se consume dans l’essoufflement ».
« Il arrive de vagabonder sans but dans la ville. C’est un égarement confiant car tôt ou tard, il se passera quelque chose, quelque chose surgira à l’improviste : nous n’attendons rien, mais un rien nous attend. »
« Rôme est une ville qui ne fait jamais table rase : les époques, les siècles, les années, les jours s’accumulent. Possible qu’aucune minute enfuie ne se perde entièrement. »
Le nom de l’île lointaine, c’est ce qui m’avait attiré d’abord. Mon doigt dessinait le trajet sur la carte portulan. J’y songeais, depuis des semaines, dans les pleins, les déliés, les cursives à l’encre rouge et noire, entre les bateaux et les drapeaux de l’atlas Gallica. Cette île m’attendait. Là dans la blancheur, sous le soleil éclatant, prête à l’éclate des corps et des sens. Avant j’imaginais des aventures à vingt-cinq kilomètres à l’heure, sur ma mobylette, au côté de mon frère. Maintenant je testais je sentais je goûtais j’absorbais la lumière les couleurs les musiques, les sports, les rencontres, sûr que chacune d’entre elles contenaient un secret. Je voulais le percer, le posséder, le proposer à mes clients. Il m’échappait, je recommençais, il fallait que ça crache, que ça brille, que ce soit singulier et exceptionnel, même dans la simplicité. Et puis quand le soleil tombait, quand la fleur se fanait, quand la musique devenait monotone, après la fête, je restais confusément à sentir l’odeur du vide. Ainsi tout ne serait que feu follet, et moi témoin un peu triste ?
« Tu as une âme d’explorateur », j’ai souvent entendu cette phrase depuis l’enfance. Un peu aventureux, impétueux, peut-être, je vous le concède… C’est bientôt Noël, j’ai le temps de m’offrir nouvelle aventure. La pulpe de l’index caresse le papier du moulin Richard de Bas. Derrière le secret de ce papier, l’inclusion de ses petites fleurs bleues et jaunes, se cachent la bataille de Samarkand, en 571, le prix des hommes en d’autres temps. Samarkand… Née au VIIIe siècle avant JC comme Rôme, elle soutient le destin mystérieux, brillant et tragique des villes antiques. Leurs multiples dimensions m’attirent. Les multiples dimensions m’attirent. Entre réel et consommations de sensationnel, j’étudie toute proposition. « Je n’aime pas l’eau claire, C’est la faute à Voltaire, J’aime le curaçao, C’est la faute à Rousseau. »
Un jour pourtant, j’ai arrêté de tester de sentir de goûter d’absorber. La volition devint collision. Le nez par terre, la faute ni à Voltaire ni à personne. J’ai fais ma révolution, le tour de moi-même. Pas même le temps de ressentir l’amertume… Après le crash, j’étais là, à regarder devant, sans sourciller. Touchant ma peau écrevisse, je me mis à maudire le soleil mordant, moi qui venait pour me dorer à son contact. Je mangeais le sable blanc dont je rêvais, les yeux à hauteur des coquillages, l’écume au bord des lèvres, le reflet vitreux couleur d’huître sur les pupilles. Une place supplémentaire dans ce vol privé avec mes meilleurs potes, c’était une aubaine australe. La tempête qui nous a engloutie, un coup d’arrêt, mortel.
Les soleils et les nuages bleus dansent devant moi. Entre les scialytiques et l’agitation des blouses bleues, l’image de ma famille me poursuit. C’est bientôt Noël. Ils sont si loin, ou alors c’est moi qui le suis déjà … Cet Atlas, la valse des navires autour des continents, les drapeaux tendus … C’est pour le mystère de ces cartes que j’ai tant aimé les voyages, c’est pour l’exploration jamais atteinte, ces villes invisibles, comme ces terres oubliées, ces animaux disparus. Tant de de temps à sentir le grand livre de cuir, à suivre le contour de l’Afrique, tracée comme une grande roue, à choisir l’esprit un peu tatillon avec quel bateau j’allais chevaucher les océans. Voulais-je voyager ou me perdre dans l’immensité de l’imaginaire ? Voulais-je apprivoiser le chaos, le tranchant de la vie? Tout semble avoir une saveur extrême, là, maintenant, dans la lumière de l’inconnu, une porte, un autre monde à découvrir …. Peut-être… Courte échelle, demain, gouffre… Non sens.
Soudain, la carte disparaît, le paysage aussi.
Quand la croyance meurt, le vernis craque… Homme-ici-deux…
C’est alors que l’homme se réveille, sent sa poitrine monter et descendre, à nouveau. Rien d’autre ne bouge. Le contact du drap rêche lui fait ouvrir les yeux. Et pour la première fois de sa vie, il trouve que les chaussons énormes surmontés de deux oreilles ridicules, posés là sur la table blanche en face sont les plus beaux du monde, les plus drôles aussi…
Ce mois-ci, l’organisation de l’agenda ironique revenait à Carnetsparesseux qui nous proposait d’écrire un texte, un « voyage au bout-de-l’an » dont l’inspiration part des cartes de voyage de Juan Martines, avec quelques contraintes de mots… Les détails du jeu d’écriture et les participations du mois : ICI et LA
« Et les enfants s’en vont devant Les autres suivent en rêvant« Le clown, on le croisait dans les rues du village, sans son nez rouge. Les voeux du maire avaient grand succès, car on savait que Raymond Devos toujours présent, ne se ferait pas prier pour faire une digression délirante, l’air étonné de ses propres propos, devant un ‘auditoire gondolé.
On m’a raconté qu’il invitait les voisins à monter dans son petit théâtre sous les combles. Il les faisait asseoir et jouait sous leurs yeux médusés, certains de ses nouveaux effets, en scrutant attentivement le jaillissement du rire.
Dans la plaine les baladins S’éloignent au long des jardins Devant l’huis des auberges grises Par les villages sans églises. Et les enfants s’en vont devant Les autres suivent en rêvant Chaque arbre fruitier se résigne Quand de très loin ils lui font signe. Ils ont des poids ronds ou carrés Des tambours, des cerceaux dorés L’ours et le singe, animaux sages Quêtent des sous sur leur passage. Guillaume Apollinaire, Alcools, 1913
A mon tour d’accueillir l’Agenda ironique de juin, ce que je fais avec le plaisir anticipé de vous rencontrer dans vos bouquets variés…
Chers auteurs, lecteurs, abonnés, jongleurs de mots, oyez! oyez ! « Des mots de passe pour les méfiants et des mots clés pour les prisonniers», en attendant la caravane, voilà l’été et brocante de mots. Les négresses vertes et la rue Ketanou donnent le ton! ( le lien est au bas de la page pour les écouter). Laissez vous inspirer par leur ambiance…
Voilà l’été !! TOUTES LES FOLIES ET DERISIONS SONT BIENVENUES, MAIS… votre texte fera suite à ce paragraphe ( début de la chanson « les mots » de la rue Kétanou) : « Approchez, approchez mesdames et messieurs car aujourd’hui grande vente aux enchères! Dans quelques instants de jeunes apprentis saltimbanques vont vous présenter des mots! Un mot pour tous, tous pour un mot! Des gros mots, pour les grossistes, Des mots de tête, pour les charlatans, Des jeux de mots pour les artistes, Des mots d’amour pour les amants. » Il suffit de reporter le lien de votre texte ici, et n’oubliez pas, sur votre blog, de reporter le lien de cette page. Rendez-vous ici tout le mois pour découvrir les écrits et à la fin du mois pour les votes! À très bientôt Véronique
drapeaux de prières au Tibet, « les chevaux du vent »
De l’explosion à l’éclosion, de la colère à la fulguration créative
Un texte écrit il y a plusieurs années, ce soir j’y repense, je le poste…
Un repas de famille qui tourne à la mauvaise humeur générale, une nouvelle qui hérisse, un accident qui énerve, un désaccord dans la relation, une société réactive. Mais que dit la colère? Un texte en fusion de moments qui cherchent à dire…
L’azur est là, en beauté évidente, dans l’après-midi d’été. Le bord de mer se laisse écouter, inspirer. Tout comme la brise qui circule et rafraichit la peau, fait sécher les gouttes d’eau, laisse un goût salé au bord des lèvres. Le temps s’étire sur la plage, soupire, le corps somnole, sous un soleil aussi éclatant qu’écrasant. Soudain, il me semble percevoir un écho…Là-bas, une querelle dans la rue, ou peut-être un cinéma, qui s’anime :
Quand tu te sens démuni, quand tu ne comprends pas ce qui arrive, écoute la vie qui circule en toi.
C’est comme un flux le long d’une île assiégée par les vagues, où l’eau trouve toujours son chemin, comme tout problème une solution.
Tentative de solution échouée ? Peut-être pas la bonne solution.
Ça commence par une poubelle lancée violemment par le Mistral sur la voiture en marche, dans une rue, au centre de la Ciotat. Evitée de justesse, elle explose le rétroviseur droit. Sortie de je ne sais quelle impasse. C’est curieux. Un effroi silencieux saisit les passagers puis une colère éclate.
Pourquoi, ce volcan dévoreur réveille-t-il en miroir, l’homme et la femme ?
Où sont les besoins à dire ? Sont-ils mangés ?
Et puis le vent, soudain semble injurier les arbres, les secouer comme les épaules d’un ennemi… Brouillon, mauvais caractère provençal. L’homme en est prisonnier.
La guerrière est réveillée, même si elle préfère vivre le cœur ouvert sur la souplesse des mots. La rafale attise le simple mégot tiède du négligeant, la braise du contrebandier, du pyromane des collines. La montagne s’embrase, sans discernement lorsque vent et flamme folle s’enlacent. Le tourbillon des danseurs est désastreux.
Les mauvais feux solaires du masculin et du féminin brûlent stérilement, ignorants la profondeur de leur être.
L’un provoque, allume la flamme, et l’autre souffle sur la braise, comme avant, sur le foyer du camp. Mais où est passé le gardien du feu ?
Quel mot perdu, quels maux, l’explosion cache-t-elle ?
Et ce vent, dans sa façon insistante et répétitive de secouer les volets, semble une entité malfaisante. Les serpents sortent des trous et les langues s’aiguisent.
Amenée par une tornade d’un ancien temps, la colère avait besoin de corps pour s’embraser.
Aussi vrai que l’amour a besoin de corps pour enlacer, embrasser.
Pauvres marionnettes.
La mer toute ridée hier, comme soucieuse, est d’allure magnifique ce matin.
Que pourrait calciner ce feu pour être régénérateur ? La répétition du scénario ?
Mais, regarde, regarde, voyageur, gare à la forge maléfique où peut se fabriquer un soufflet amplificateur plus grand encore. Personne n’en bénéficiera. Quoi que… Qui se nourrit du mauvais tison, d’une trace ancestrale, à son corps défendant ?
Un écho, un ego sans signification se perpétue dans le couloir du temps.
Ça commence par une poubelle lancée violemment puis la terre éructe en désordre son indigestion.
Alors, comme tout est dit, tout est libre de repousser, si l’intention est posée. Ouvrir la porte du malentendu. Mal entendu ? Pardon, c’est entendu.
Une résolution.
La Méditerranée nargue l’homme et la femme, le cap Canaille aussi.
Enfin, les corps peuvent respirer, se remplir de douceurs, comme l’oreiller du matin que l’on tapote.
Faire ensemble, il leur semble.
Ouvrir le cœur, comme on ouvre les volets, sur la surprise d’un beau paysage, d’une chevauchée à deux aux parfums sauvages et au vent caressant.
La terre accouche d’un couple.
Comme les compagnons d’Ulysse, il avait ouvert l’outre d’Eole par imprudence, et libéré les vents contraires.
Combien de volcans les hommes de cette terre, de Méditerranée et d’ailleurs auront-ils besoin de faire exploser avant de faire la paix ?
Avant même de commencer la guerre, la paix les attend déjà.
Et patiente, encore, silencieuse.
Regarde, regarde, cette lumière au reflet singulier. Ça change tout ! Un arc en ciel ? Il semble si proche, c’est doux, un cœur de soie ? Non, au cœur de soi ! Oui, toujours, l’élan vital jaillit de quelque part et de toute part.
Peut-être sera-t-il seul sur une terre polluée, stérile et déserte, peut-être est-il déjà partout, semant, comme des petites graines fantaisistes, ici la paix et là, l’amour, l’humour aussi, et toutes ces couleurs singulières, en chaque être humain !
C’est un air qui colle et fait décoller, de Charybde en Scylla, jusqu’à la découverte du passage, du pas sage, c’est possible, car ce n’est pas sérieux, de l’arme honnie à toujours plus d’harmonie. Ecoute, écoute !