Très heureuse de vous faire partager la sortie du recueil… Pour flâner un peu…

Véronique
Très heureuse de vous faire partager la sortie du recueil… Pour flâner un peu…
Véronique
Une grande main te scotche par terre, et te mets à l’épreuve de la soustraction, toi qui t’agitais pour faire face, pour soigner. Réduite à l’immobilité. « Nous ça va, on tient bon », dit une amie.
Abasourdie du contexte, tu restes là, à l’écoute des signes et à planter ton drapeau de présence, à économiser ton énergie pour guérir très vite, à vouloir rassurer les autres. Mais le » oui, ça va aller » ne sort pas. Les proches n’auront qu’à décoder.
A regarder tourner le monde sans pouvoir y ajouter un geste, je sens une nouvelle fois combien la respiration est ténue, essentielle,
Combien elle me fait sourire quand elle me traverse, si ample,
Combien les oiseaux chantent sans se décourager,
Combien l’amour durera après nous,
Combien – c’est une intervention urgente – je peux laisser tomber, pensées, émotions, qui fatiguent encore , qui saturent.
Plus je respire, plus je fais entrer ces petites molécules d’oxygène, d’une drôle de façon. En les visualisant je mets leur mouvement, leur restauration, à l’intérieur. Plus j’accompagne vers la sortie, le gaz carbonique en lui donnant une forme, une couleur, plus il draine toutes ces choses inutiles dont je n’ai pas besoin , là, dans l’instant.
Alors le corps s’enfle de l’indéfinissable charme du regard allégé, qu’on appelle profond. Bienveillante densité que voilà… Le corps en entier entre dans une expérience de portance tellement douce. Une évidence vitale balaie le devant de la porte et toute la maison intérieure, une nouvelle fois. Le gardien des lieux fait rapidement le point sur les forces à reprendre, et le corps y croit, le fait sentir. Une vibration, une oscillation suffisent en langage parasympathique du corps. Il est fait pour cette finesse de changement.
Alors tu sais que la patience est guérisseuse et que les distorsions extérieures peuvent rester au delà de ton bouclier de vie. Il n’y a que la respiration et la résolution, l’amour de la vie à partager qui puisse t’atteindre, là, maintenant.
D’ailleurs, à l’heure où je vous écris, je vais bien …
©Véronique Bonnet
Une photo de mer,
Couleur,
Va et vient des vagues,
Patience de l’anneau qui garde le port
Et le souvenir des voyages.
©Véronique Bonnet
#agenda ironique
Je me tais, et hume l’air clair du pont. Accoudée à la rampe, face au jaquemart décati, qui se détache de la lumière, j’ai l’impression d’écouter l’âme des hommes, le fil du temps, en descendant le Nil…
L’eau file sous la coque du bateau. L’air est chaud et ça sent la terre mouillée. Je cligne des yeux, rajuste mon chapeau de paille. Une femme en écharpe de plumes de dindons descend d’une embarcation voisine, à la recherche de quelques topinambaulx exotiques. Une rescapée d’un livre d’Agatha ? il me prend l’envie d’un entrechat, dans cet entre-temps théatral. Le clapotis me pose sur le fleuve dans le délice d’un inconnu connu- ou alors est-ce un connu inconnu ? Quand la confusion apporte la solution, il n’y a plus qu’à se laisser flotter dans la perception… Tiens, il me semble voir le jaquemart doré remonter le temps…
Le rythme d’un quotidien ancestral défile là sur les rives, probablement millénaire. Les enfants jouent en s’ébrouant près de l’eau. J’entends des ânes braire à côté, toutes dents en avant et le brouhaha, la clameur, peut-être d’un marché. Des odeurs de dattes mûres, de miel et d’épices montent jusqu’à nous. Le chant du Muezzin s’élève. Je cale mon menton sur l’avant-bras.
L’écho vibre dans mon intime brumeux, par-delà le tempo du Nil qui s’étire comme le son… Une sagesse bleue s’épand dans le paysage baigné de la lumière douce. Je souris, les fossettes en parenthèses d’amour.
« L’essentiel est invisible pour les yeux »…
©Véronique Bonnet
Voici ma participation à l’agenda ironique de janvier, » les villes invisibles », organisé par votre dévouée!
Pour le moment, c’est le deuxième texte, les autres sont encore…invisibles… A suivre jusqu’au 27 janvier, résultats le 31
Pour l’explication du thème du mois : c’est ICI
Et pour tout savoir sur l’agenda ironique, jeu vagabond d’écriture, dont l’organisation passe de blog en blog, c’est sur les sites suivants :
https://carnetsparesseux.wordpress.com/lagenda-ironique-kezaco/
https://differencepropre.wordpress.com/agenda-ironique-ou-es-tu/
Laisser émerger, vibrer, être là!
Ensemble !
Bonne année 2020!
De l’explosion à l’éclosion, de la colère à la fulguration créative
Un texte écrit il y a plusieurs années, ce soir j’y repense, je le poste…
Un repas de famille qui tourne à la mauvaise humeur générale, une nouvelle qui hérisse, un accident qui énerve, un désaccord dans la relation, une société réactive. Mais que dit la colère? Un texte en fusion de moments qui cherchent à dire…
L’azur est là, en beauté évidente, dans l’après-midi d’été. Le bord de mer se laisse écouter, inspirer. Tout comme la brise qui circule et rafraichit la peau, fait sécher les gouttes d’eau, laisse un goût salé au bord des lèvres. Le temps s’étire sur la plage, soupire, le corps somnole, sous un soleil aussi éclatant qu’écrasant. Soudain, il me semble percevoir un écho…Là-bas, une querelle dans la rue, ou peut-être un cinéma, qui s’anime :
Quand tu te sens démuni, quand tu ne comprends pas ce qui arrive, écoute la vie qui circule en toi.
C’est comme un flux le long d’une île assiégée par les vagues, où l’eau trouve toujours son chemin, comme tout problème une solution.
Tentative de solution échouée ? Peut-être pas la bonne solution.
Ça commence par une poubelle lancée violemment par le Mistral sur la voiture en marche, dans une rue, au centre de la Ciotat. Evitée de justesse, elle explose le rétroviseur droit. Sortie de je ne sais quelle impasse. C’est curieux. Un effroi silencieux saisit les passagers puis une colère éclate.
Pourquoi, ce volcan dévoreur réveille-t-il en miroir, l’homme et la femme ?
Où sont les besoins à dire ? Sont-ils mangés ?
Et puis le vent, soudain semble injurier les arbres, les secouer comme les épaules d’un ennemi… Brouillon, mauvais caractère provençal. L’homme en est prisonnier.
La guerrière est réveillée, même si elle préfère vivre le cœur ouvert sur la souplesse des mots. La rafale attise le simple mégot tiède du négligeant, la braise du contrebandier, du pyromane des collines. La montagne s’embrase, sans discernement lorsque vent et flamme folle s’enlacent. Le tourbillon des danseurs est désastreux.
Les mauvais feux solaires du masculin et du féminin brûlent stérilement, ignorants la profondeur de leur être.
L’un provoque, allume la flamme, et l’autre souffle sur la braise, comme avant, sur le foyer du camp. Mais où est passé le gardien du feu ?
Quel mot perdu, quels maux, l’explosion cache-t-elle ?
Et ce vent, dans sa façon insistante et répétitive de secouer les volets, semble une entité malfaisante. Les serpents sortent des trous et les langues s’aiguisent.
Amenée par une tornade d’un ancien temps, la colère avait besoin de corps pour s’embraser.
Aussi vrai que l’amour a besoin de corps pour enlacer, embrasser.
Pauvres marionnettes.
La mer toute ridée hier, comme soucieuse, est d’allure magnifique ce matin.
Que pourrait calciner ce feu pour être régénérateur ? La répétition du scénario ?
Mais, regarde, regarde, voyageur, gare à la forge maléfique où peut se fabriquer un soufflet amplificateur plus grand encore. Personne n’en bénéficiera. Quoi que… Qui se nourrit du mauvais tison, d’une trace ancestrale, à son corps défendant ?
Un écho, un ego sans signification se perpétue dans le couloir du temps.
Ça commence par une poubelle lancée violemment puis la terre éructe en désordre son indigestion.
Alors, comme tout est dit, tout est libre de repousser, si l’intention est posée. Ouvrir la porte du malentendu. Mal entendu ? Pardon, c’est entendu.
Une résolution.
La Méditerranée nargue l’homme et la femme, le cap Canaille aussi.
Enfin, les corps peuvent respirer, se remplir de douceurs, comme l’oreiller du matin que l’on tapote.
Faire ensemble, il leur semble.
Ouvrir le cœur, comme on ouvre les volets, sur la surprise d’un beau paysage, d’une chevauchée à deux aux parfums sauvages et au vent caressant.
La terre accouche d’un couple.
Comme les compagnons d’Ulysse, il avait ouvert l’outre d’Eole par imprudence, et libéré les vents contraires.
Combien de volcans les hommes de cette terre, de Méditerranée et d’ailleurs auront-ils besoin de faire exploser avant de faire la paix ?
Avant même de commencer la guerre, la paix les attend déjà.
Et patiente, encore, silencieuse.
Regarde, regarde, cette lumière au reflet singulier. Ça change tout ! Un arc en ciel ? Il semble si proche, c’est doux, un cœur de soie ? Non, au cœur de soi ! Oui, toujours, l’élan vital jaillit de quelque part et de toute part.
Peut-être sera-t-il seul sur une terre polluée, stérile et déserte, peut-être est-il déjà partout, semant, comme des petites graines fantaisistes, ici la paix et là, l’amour, l’humour aussi, et toutes ces couleurs singulières, en chaque être humain !
C’est un air qui colle et fait décoller, de Charybde en Scylla, jusqu’à la découverte du passage, du pas sage, c’est possible, car ce n’est pas sérieux, de l’arme honnie à toujours plus d’harmonie. Ecoute, écoute !
©Véronique Bonnet
Energumène, maringouin et lambrusque schizophrène: c’est l’agenda ironique de mai!
Des draps blancs bleutés dans la lumière
Une chambre aux couleurs naissantes,
Les corps se réveillent en sensations pressantes
Qui descendent dans la chair,
En orange en rouge carmin,
Dans le clair-obscur du matin.
L’appel pour l’homme, la femme
A laisser le naturel, le sensoriel, le pluriel,
Prendre là, tout l’espace en jeu.
Le froissement du drap,
Le premier chant d’oiseau
Le frisson juste après le baiser furtif,
Un soupir,
Le miaulement des chats, les griffes sur le fauteuil en osier
-Arrêtez, espèces d’énergumènes !
Le ron-ron qui approche.
Les corps, doucement se sentent, se mêlent,
Se dissolvent, se résolvent,
Vers de schizophrènes scènes
Zappent vers de grandes contrées,
Aux images tendues vue d’avion,
Dunes alanguies d’un pays lointain,
Paysages verdoyants sans nom.
Champs de blés qui divaguent,
Peaux léchées par les vagues,
Plages sublimes où le maringoin vient s’échouer,
Vaincu par la chaleur torride et les embruns salés.
Tissus chamarrés de mille vies
D’ondulations en contorsions de lambrusques
Les lianes courent sous la peau
Les sens, les corps et l’esprit en fusion,
C’est si beau
Quand la montagne rejoint la vallée,
L’espace d’un calin
Dans un grand frisson,
Un plongeon opalin.
©Véronique Bonnet
Merci de votre passage ! Des mots inusités ne vous auront pas échappés : Ce texte est ma participation à l’agenda ironique de Mai, organisé par le blog de La plume fragile, et Laurence, de Palette d’expressions :
https://wordpress.com/read/blogs/138660189/posts/777
En quoi cela consiste ? Écrire un texte, une ligne ou deux, ou plus si l’inspiration s’envole, sur un thème donné en essayant d’user d’une imagination florissante pour placer quelques mots ubuesques, méconnus ou peu usités dans notre vie de tous les jours.
Car, en mai, fais ce qu’il te plaît ! MAIS !… MAIS ! Un peu de folie fait toujours du bien à l’esprit. Ces mots ce mois-ci sont : énergumène, schizophrène, maringouin, lambrusque
I
Quand la conscience du fil grandit,
Quand l’intérieur s’accorde,
Et les liens se tissent au dehors,
Quand l’imaginaire dessine des ponts et des merveilles,
Des monts, et des cristaux,
Des terres à délices, des prémices d’Alice,
Quand le moment est capturé, non pas par une photo
Mais par les filtres sensoriels et l’invisible subtil,
L’instant peut alors se respirer
Et le corps s’allonger en étoile sur la pelouse…
Magique comme le violoncelle de Yo-Yo Ma jouant les suites de Bach…
Perdre la notion du temps n’est pas loin.
Entre lâcher prise et discernement,
Equilibriste de vie,
Profite!
©Véronique Bonnet
suites pour violoncelle seul de Bach
Vient ce temps
En histoires contées
Où les écureuils de guerre lasse
Viennent partager leurs fantasques récoltes.
De la découverte du fruit nouveau
Au cœur de la froidure
Au bord des chemins,
Jusqu’aux sauts de rivières grondantes et cailloux trébuchants,
Caresse d’arbres
Echos d’été, sous-bois de champignons,
Craquantes noisettes et traces de neige
Bleus de ciels intemporels,
Intempéries et douceurs de lune rousse
Fondus de soleils rouges,
Camaïeux hérissés de sapins de montagne,
Etoiles de mousse,
Vents passés déchaînés
Et printemps avenir.
Sous l’arc en ciel dégagé du paysage compassé,
Le feu apparaît.
D’un orange chuchoté,
Il crépite dans la clairière,
Au milieu des danses de vie
Des panaches et des crinières.
Tourments d’amour, solitude glacée,
Passions chimères, liens cendrés,
Font aussi la flamme apaisée!
Les animaux tombent d’accord :
« Le meilleur moyen d’éviter la chute des cheveux, c’est de faire un pas de côté. »
©Véronique Bonnet
Bonjour! Voici donc ce petit texte pour l’agenda ironique de Février, tenu par Ecri ‘Turbulente. http://ecriturbulente.com/2019/02/19/lagenda-ironique-meme-pas-en-reve/
Le jeu d’écriture proposé :
Après beaucoup de péripéties (mais lesquelles ?) on me propose de rêver le rêve absolu.
Comment en est-on arrivé là ?
Eugène Ionesco – Journal en miettes
Au pied de la lettre, imaginez ces péripéties chargées d’un puissant magnétisme onirique, rêves de réalités de plus en plus intenses.
Rêver pour de vrai, jusqu’au rêve absolu.
Seule une « petite » contrainte : votre texte devra se terminer par cette phrase de Groucho Marx :
« Le meilleur moyen d’éviter la chute des cheveux, c’est de faire un pas de côté. »
« On confond le monde et la vie »
La vie ne s’écoute pas seulement dans le bruit que l’on fait…
Ecoute le silence, dit la lune
©Véronique Bonnet
Au cœur de la lune,
Au clair de la nuit,
Parlent les histoires de rhunes
Et les ressentis en pluie.
La marionnette sent le fil de vie la traverser,
Et le souffle la transformer en être de chair.
La chouette a donné sa plume,
Et le feu reprend sa place
Là, dans la poitrine,
Dans le cœur de la femme.
Le bois crépite et fume
Dans le silence de la nuit
En écho aux palmas des musiciens
Les flammes dansent et appellent le lien de vie.
La robe à volants, la chevelure libre,
Épousent le mouvement de la flamenca.
La gitane aux mains ondulantes
Danse avec son ombre.
Je la vois, là…
Le rythme et le son résonnent encore dans mon ventre,
Ramenant, les pieds, le corps à la force de la terre, à la poussière qui vole
Et les vibrations se font comprendre
Aux confins de l’être voyageur, dans les zones brûlantes et folles.
Au cœur de la lune
Au clair de la nuit
Dansent, dansent les brumes
Et la lumière des cœurs éblouit.
Au cœur de la lune
Au creux de la nuit
Dans la chaleur de nos bras,
La danse à deux, le monde en folie
Et la lune luit.
©Véronique Bonnet
Je garde un fil…
Au fil du rasoir, mon train,
Au fil de la course,
Je garde un fil…
Le long du paradoxe,
Je garde un fil
Qui relie mot et âme.
Quel fil garder ?
Je regarde le film,
Je lis les mails, je jette les spams.
A genou, je me sens,
En boule dans une penderie
En drôle de causerie.
Je tire les mailles du fil de soi,
Débobine, rembobine,
Tisse, et métisse.
Perd et manque,
Vertige consumé.
Les jeux sont-ils faits ?
Pas si lisse, pas si vite…
Déployées, assemblées dans le hasard,
Sont les vibrations, les vies cousues main.
©Véronique Bonnet
Tu peux passer ton chemin ou t’abandonner à l’instant…
Regarder l’envers du décor, et entrer dans un autre plan.
Au travers du reflet scintillant du lac,
Dans le tendre jeu de lumière sur le vert feuillage.
Vois, par-delà la forme, la poésie en voile d’amour qui nimbe ton voyage.
©Véronique Bonnet
Choisis une marche dans l’escalier qui mène au jardin,
Il y a toujours une marche vers un jardin…
Au creux d’un moment vert qui n’était pas annoncé.
Tout est ouvert …
Pose au loin ton regard dans cet espace qui te reçoit,
Et tes fesses sur la pierre fraîche.
Les lavandes et la sauge, côte à côte,
Ont l’effluve vivace qui parle,
Et les oiseaux, le piaillement chamailleur.
Un ballon roule, rebondit dans un bruit mat jusqu’à tes pieds.
Il apparaît, là, dans le flottement,
Le flacon jaune, qui tinte de la petite bille d’acier.
La boule danse dans le couvercle décoré d’une illustration un peu désuète.
Souffle une bulle au travers de l’anneau,
Et bats des cils…
C’est juste le temps nécessaire pour que l’air fasse tournoyer l’apparition,
Que le tigre passe le cercle de feu,
Juste le temps nécessaire pour voir chatoyer les rondes d’enfance en arc en ciel,
Avant que la bulle n’éclate au bout du nez…
Le rire fuse : Te voilà reconnecté à ce futile essentiel,
Du coin des yeux, du fond du coeur…
Là, au fond du fauve,
Te voilà ! Face à ta tendresse!
Ce nid silencieux, tu peux le garder,
Au sein du plus petit en toi,
Tant il est vrai que dehors,
-Même pas peur-
C’est parfois le vacarme inaudible et nuisible,
Qui éteint l’essence et arrache un cri au cœur.
©Véronique Bonnet