Je vous en avais parlé en filigrane ces derniers mois. De mes écrits longtemps commencés, un roman a aussi fini par éclore!
il est sorti en juin dernier et déjà parmi une centaine de lectrices/lecteurs, certains commencent à m’écrire leurs retours… Merci merci à vous! Ça me touche et c’est très enrichissant, car parfois aussi une histoire en appelle une autre.
Le roman commence donc son aventure! Et je reprends la plume sur le blog de poesie-de-nature (avec quelques difficultés de navigation sur les nouveaux interfaces, qui m’ont valu deux ou trois essais infructueux)… Je disais donc que je suis heureuse de vous présenter le roman et le partager avec vous sur le blog!
Tous vos commentaires seront bienvenus!! Et de nouveaux lectrices/lecteurs du roman aussi… !
Une fois n’est pas coutume, je mêle ce texte parlant de méditation aux poésies et autres textes du blog…
« Le souffle c’est la conscience et la conscience c’est le souffle. »
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Ainsi les pensées qui veulent contrôler le champ de l’être sont-elles invitées à occuper une place qui prend en compte le corps, la respiration, comme le suggère la parole ancestrale.
Si vous vous reconnaissez au moins une fois dans ce qui suit, vous êtes éligible, selon un terme officiel à … reprendre ou continuer ( ou commencer) vos séances de méditation !
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Les pensées font partie de nous mais ne sont pas nous. Pourtant, confusion, hyperactivité et désir de garder le contrôle, nous conduisent au réflexe bizarre de nous appuyer sur des pensées qui sont des suppositions parfois délétères.
Alors que s’appuyer sur des forces vitales est une ressource sûre, nous ne le faisons pas toujours en priorité.
Pourquoi?
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La force de persuasion des pensées négatives nous coupe de la sensation de notre corps, et de la relation entre le corps et l’esprit. Elle maintient une alerte y compris sur du virtuel.
C’est dire la puissance de nos pensées.
Nous pouvons nous en servir pour laisser revenir le « contrôle positif », celui de la réinitialisation écologique, de notre fonctionnement global basé sur l’écoute, la perception, l’attention au corps…
Mais cela ne veut pas dire : s’écouter, s’écouter trop, ou s’auto -centrer en boucle et oublier de se mettre en relation…
Au contraire, la petite phrase ancestrale aborde une notion simple, et terriblement moderne sur la respiration :
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Porter son attention au corps. Percevoir son corps et respirer. S’y prendre un peu tous les jours. Même 10mn à sa chaise de bureau, quitte à mettre une alarme sur son téléphone.
Nous sommes alors étonnés de constater que cela change notre rapport à nous-mêmes, à l’autre et au monde.
Comme nous pouvons être étonnés que toute brassée de mauvaises nouvelles peut éloigner de nos pratiques les plus vertueuses ! Que dire alors si une chaîne de tv ( ou plusieurs ) les diffusent en boucle (les mauvaises nouvelles, pas les pratiques vertueuses) …
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La méditation et la méditation « en mouvement » aident à reprendre contact, régulièrement avec nous-mêmes. Ce sont des pratiques de re connexion, à nous, aux autres, au monde.
La respiration, est une porte accessible vers le coeur, le nôtre et le cœur des choses de l’esprit, en direction d’une relation à l’autre et à la nature. Une ruse pour ne pas subir de front un assaut de pensées, et le flot des émotions, ou l’écran neutre, mais pas anodin, que l’on met pour cacher nos émotions.
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Si l’on n’arrive toujours pas à se poser, prendre avec soi simplement un rendez-vous pour méditer, peut permettre de déjouer la tyrannie du mental. On peut observer combien de pensées, croyances nous éloignent de ce moment qui est pourtant naturel.
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Si l’on n’y arrive toujours pas, oser se désobéir, faire le « Boudha rebelle » (pour reprendre le terme de Dzogchen Ponlop, et sans plus se poser de question), s’y mettre.
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Si cela vous tient toujours éloigné du coussin ou de la chaise ( en position assise, dos droit, dans la sensation des points d’appui du corps , dans la sensation virtuelle entre le corps et le support qui vous reçoit, dans la sensation des bruits autour, d’une image )
alors, c’est que vous préférez peut-être « la méditation en action » comme le disent certains méditants dans notre atelier. Vous êtes plus sensible au positionnement du corps dans l’espace, vous préférez bouger.
Partir dans la nature, pratiquer le jardinage, des activités créatives manuelles ou d’écriture. Ecouter ou faire de la musique. Lire.
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Alors, vous méditerez en marchant, ou en faisant du vélo de façon « consciente », du sport. Vous trouverez une façon de vous sentir bien.
Alors, vous aimerez peut-être revenir vers les activités dédiées au souffle et à la conscience du corps qui permettent de faire l’expérience de l’unité corps-esprit-coeur.
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Vous avez le choix de vous installer pour faire des mouvements de yoga, de gi gong, de danse spontanée, dans l’intention de porter votre attention au corps, à la respiration sur l’une partie ou l’autre du corps. Puis de laisser le corps respirer et de l’observer.
Nous avons nos cinq sens et aussi la proprioception ( le sens de position du corps dans l’espace, en statique ou en dynamique).
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Laisser les sens observer ce qu’il y a autour, puis le ralentissement du mouvement comme une curiosité de sentir combien, au lieu de faire perdre du temps, ça nous fait gagner du temps.
Celui où, présent à soi, à l’autre et au monde, nous nous sentons heureux de vivre, dans le monde, dans la nature, présents comme ils sont présents, à chaque instant.
Vous trouverez.
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Et si parfois nous nous sentons découragés, prenons le temps de recevoir cette information « je suis découragé.e » ( nous recevons bien les mauvaises infos de la TV et nous ne nous écouterions pas dans notre météo intérieure? La blague …).
Prenons le temps d’en prendre soin, de cette émotion, comme dit Thich Nhat Hanh ( nous n’aurions pas droit à ça ? Quelle blague …) avant de laisser le flux de la vie couler. Le sentir couler dans vos veines.
Humains que nous sommes, à vouloir être plus que nous ne sommes, ou alors à ne pas nous autoriser à dépasser nos croyances.
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A chaque instant vous pouvez travailler à être là, relié d’une autre façon. C’est vous en « augmenté » de cette parcelle consciente de ce qu’Hegel appelait « l’âme sentante ».
Alors vous faites plus confiance à la vie et vous vous faites confiance à aimer la vie et vous pouvez sentir que la vie nous aime. Jusqu’à l’aspect spirituel de la vie en tant que reliance au monde.
Vous ancrez cette expérience de façon corporelle en refaisant un exercice de présence régulièrement. Vous ricanez moins, vous souriez, vous riez. Vous vous surprenez à patienter même … Tant de choses sont plus grandes que nous, nous dépassent. Et nous donnent confiance aussi, comme la lumière d’un matin de printemps par exemple.
Et vous savez que c’est une affaire de tissage qui évolue jour après jour, et se partage.
Cette femme ironise beaucoup sur la situation du moment. Elle évoque ses problèmes de loin, comme à son habitude, faussement détachée. A chacun sa façon de gérer.
Alors que la consultation est terminée, elle dit de but en blanc sur le pas de la porte : « Et avec tout ça, mon fils, sa femme et mes petits enfants sont bloqués en Angleterre, pas moyen de les voir… » Nous échangeons quelques minutes puis elle coupe court, se met à rire et tourne les talons. Il est midi.
Je sors et fait deux ou trois pas avec elle, au soleil. A gauche les lavandes cavalcadent à la brise du zénith et devant les roses semblent briller de toute leur présence. C’est apaisant.
Je lance un improbable : « Qu’est ce que les roses ont profité de ce beau temps, regardez, elles sont magnifiques cette année! »
La femme se retourne vers les buissons fleuris, puis vers moi. Son regard tente une ironie. La gaîté essaie de s’accrocher mais seule sa bouche sourit. Elle s’arrête, puis passe le portail.
Il gît au milieu de l’allée une sensation d’inachevée, de vide. Je m’avance encore au milieu des fleurs pour évacuer ce sentiment de vague malaise.
« Tu as planté ce jardin pour les autres mais aussi pour toi… Tu peux nous cueillir si tu le veux !! » disent les roses soudain !
Je reçois le silence de midi cinq sur cinq, autre chose aussi.
Il est vrai, j’ai toujours préféré garder les fleurs sur pieds, dans ce jardin où passe du public, tourner autour, les sentir, les regarder.
« Tu as le droit de nous cueillir… »
L’effet est immédiat… Je rentre précipitamment chercher un sécateur; je ressors et coupe sur les quatre rosiers les fleurs qui débordent. Je fais un bouquet énorme, que je ramène chez moi… Le soir, je remets ça… Sécateur, coupe, bouquet, sourire jusqu’ aux oreilles…
Cette fois, j’offre le bouquet à ma fille. Je prélève une fleur que je donne à mon fils en commentant : « les fleurs, c’est pour nous aussi ! ». Nous éclatons de rire devant l’évidence.
Depuis, je m’offre plus souvent les fleurs du jardin d’accueil. Les rosiers, quant à eux, s’en portent encore mieux, peut-être aussi parce que je les regarde encore plus.
Je me tais, et hume l’air clair du pont. Accoudée à la rampe, face au jaquemart décati, qui se détache de la lumière, j’ai l’impression d’écouter l’âme des hommes, le fil du temps, en descendant le Nil…
L’eau file sous la coque du bateau. L’air est chaud et ça sent la terre mouillée. Je cligne des yeux, rajuste mon chapeau de paille. Une femme en écharpe de plumes de dindons descend d’une embarcation voisine, à la recherche de quelques topinambaulx exotiques. Une rescapée d’un livre d’Agatha ? il me prend l’envie d’un entrechat, dans cet entre-temps théatral. Le clapotis me pose sur le fleuve dans le délice d’un inconnu connu- ou alors est-ce un connu inconnu ? Quand la confusion apporte la solution, il n’y a plus qu’à se laisser flotter dans la perception… Tiens, il me semble voir le jaquemart doré remonter le temps…
Le rythme d’un quotidien ancestral défile là sur les rives, probablement millénaire. Les enfants jouent en s’ébrouant près de l’eau. J’entends des ânes braire à côté, toutes dents en avant et le brouhaha, la clameur, peut-être d’un marché. Des odeurs de dattes mûres, de miel et d’épices montent jusqu’à nous. Le chant du Muezzin s’élève. Je cale mon menton sur l’avant-bras.
L’écho vibre dans mon intime brumeux, par-delà le tempo du Nil qui s’étire comme le son… Une sagesse bleue s’épand dans le paysage baigné de la lumière douce. Je souris, les fossettes en parenthèses d’amour.
« Approchez, approchez mesdames et messieurs car aujourd’hui grande vente aux enchères! Dans quelques instants de jeunes apprentis saltimbanques vont vous présenter des mots! Un mot pour tous, tous pour un mot! Des gros mots, pour les grossistes, Des mots de tête, pour les charlatans, Des jeux de mots pour les artistes, Des mots d’amour pour les amants. »
« La lune est presque pleine ce soir… Tiens, ça doit être les encombrants demain! Baisse un peu cette musique et viens m’aider à sortir la table de jardin et les vieilles chaises! »
Les trottoirs sont déjà
jonchés d’immondices. Des restes d’étagères moisies, vieille table lépreuse en
bois qui n’en peut plus de voir passer les saisons et les familles affamées,
quelque menu trésor aussi qui attendent un preneur. Commence le ballet des
voitures discrètes d’où sortent des ombres pressées, des mains anonymes qui
soupèsent, palpent et évaluent l’éventuel service rendu.
Avant la date des
encombrants, ça marche aussi : mettez un meuble devant votre trottoir, et dans
les deux ou trois heures qui suivent, l’objet sera récupéré.
Mais le mystère de la main
qui donne demeure entier : une chaise défraîchie, cabossée, à la toile
fendillée attendait certainement depuis longtemps le verdict de l’expulsion.
Quelle est l’histoire qui se retrouve à la rue ? Comment se fait-il que ce
meuble soit dehors ce jour- là, précisément ? Il contraste terriblement
avec le soleil roux d’un dimanche soir de fin de printemps. Il se plait bien
aussi sous la pluie qui l’aide à chialer ses dernières couleurs et ses vielles
crasses.
Mystère, la circonstance
décide soudain du détachement, du top départ de sortie. Sitôt les porteurs
d’histoires évacués et autres objets de service congédiés, le lifting de maison
se prépare.
Et puis il y a les meubles
résistants au temps, les laissés pour compte, comme ceux du garage.
C’était sûrement une
étagère rescapée d’une chambre ou d’une ancienne cuisine, d’une précédente
maison peut-être ou encore de l’ancien propriétaire des lieux. Quand elle
termine sur le pavé, elle est aussi déformée et rouillée qu’une vieille boîte
de conserves. L’objet a tout donné. Il est vermoulu, humide. Peut-être même a
t- il été hérité. Une partie de moi ose à peine le montrer quand je le dépose
dehors : l’objet porte la déchéance, la fin de vie, l’abandon. Et puis, je
vois sur le trottoir en face, d’autres objets de « longue vie » qui
sont là à attendre leur sort ultime.
Il faudrait les brûler par
respect. Je me dis : « il a bien tenu celui-là », toute fière de
ne pas avoir gaspillée mais contente de faire place nette.
Quand je garde, c’est
utilitaire mais c’est aussi parce que l’objet a des choses à dire…
Je peux me débarrasser de
lui quand il a fini de me raconter son histoire, car alors, il m’encombre
soudain terriblement. Quand il faut préparer un déménagement, le tri,
l’ajustement vont plus vite.
Mais, le mystère de la
main qui lâche reste entier.
Je me retourne : le réverbère de la rue éclaire la vieille table de jardin en bois, et des chaises dépareillées en plastique blanc jauni, au milieu d’étagères déglinguées, invitées de dernière minute, une trottinette rouillée, des pots cassés, un matelas en mousse. Le reste se perd dans la nuit.
Entends-tu, les mots tus?
Je me retourne. Une chouette hulule et les collines sentent bon les fleurs d’acacia et de sureau.
drapeaux de prières au Tibet, « les chevaux du vent »
De l’explosion à l’éclosion, de la colère à la fulguration créative
Un texte écrit il y a plusieurs années, ce soir j’y repense, je le poste…
Un repas de famille qui tourne à la mauvaise humeur générale, une nouvelle qui hérisse, un accident qui énerve, un désaccord dans la relation, une société réactive. Mais que dit la colère? Un texte en fusion de moments qui cherchent à dire…
L’azur est là, en beauté évidente, dans l’après-midi d’été. Le bord de mer se laisse écouter, inspirer. Tout comme la brise qui circule et rafraichit la peau, fait sécher les gouttes d’eau, laisse un goût salé au bord des lèvres. Le temps s’étire sur la plage, soupire, le corps somnole, sous un soleil aussi éclatant qu’écrasant. Soudain, il me semble percevoir un écho…Là-bas, une querelle dans la rue, ou peut-être un cinéma, qui s’anime :
Quand tu te sens démuni, quand tu ne comprends pas ce qui arrive, écoute la vie qui circule en toi.
C’est comme un flux le long d’une île assiégée par les vagues, où l’eau trouve toujours son chemin, comme tout problème une solution.
Tentative de solution échouée ? Peut-être pas la bonne solution.
Ça commence par une poubelle lancée violemment par le Mistral sur la voiture en marche, dans une rue, au centre de la Ciotat. Evitée de justesse, elle explose le rétroviseur droit. Sortie de je ne sais quelle impasse. C’est curieux. Un effroi silencieux saisit les passagers puis une colère éclate.
Pourquoi, ce volcan dévoreur réveille-t-il en miroir, l’homme et la femme ?
Où sont les besoins à dire ? Sont-ils mangés ?
Et puis le vent, soudain semble injurier les arbres, les secouer comme les épaules d’un ennemi… Brouillon, mauvais caractère provençal. L’homme en est prisonnier.
La guerrière est réveillée, même si elle préfère vivre le cœur ouvert sur la souplesse des mots. La rafale attise le simple mégot tiède du négligeant, la braise du contrebandier, du pyromane des collines. La montagne s’embrase, sans discernement lorsque vent et flamme folle s’enlacent. Le tourbillon des danseurs est désastreux.
Les mauvais feux solaires du masculin et du féminin brûlent stérilement, ignorants la profondeur de leur être.
L’un provoque, allume la flamme, et l’autre souffle sur la braise, comme avant, sur le foyer du camp. Mais où est passé le gardien du feu ?
Quel mot perdu, quels maux, l’explosion cache-t-elle ?
Et ce vent, dans sa façon insistante et répétitive de secouer les volets, semble une entité malfaisante. Les serpents sortent des trous et les langues s’aiguisent.
Amenée par une tornade d’un ancien temps, la colère avait besoin de corps pour s’embraser.
Aussi vrai que l’amour a besoin de corps pour enlacer, embrasser.
Pauvres marionnettes.
La mer toute ridée hier, comme soucieuse, est d’allure magnifique ce matin.
Que pourrait calciner ce feu pour être régénérateur ? La répétition du scénario ?
Mais, regarde, regarde, voyageur, gare à la forge maléfique où peut se fabriquer un soufflet amplificateur plus grand encore. Personne n’en bénéficiera. Quoi que… Qui se nourrit du mauvais tison, d’une trace ancestrale, à son corps défendant ?
Un écho, un ego sans signification se perpétue dans le couloir du temps.
Ça commence par une poubelle lancée violemment puis la terre éructe en désordre son indigestion.
Alors, comme tout est dit, tout est libre de repousser, si l’intention est posée. Ouvrir la porte du malentendu. Mal entendu ? Pardon, c’est entendu.
Une résolution.
La Méditerranée nargue l’homme et la femme, le cap Canaille aussi.
Enfin, les corps peuvent respirer, se remplir de douceurs, comme l’oreiller du matin que l’on tapote.
Faire ensemble, il leur semble.
Ouvrir le cœur, comme on ouvre les volets, sur la surprise d’un beau paysage, d’une chevauchée à deux aux parfums sauvages et au vent caressant.
La terre accouche d’un couple.
Comme les compagnons d’Ulysse, il avait ouvert l’outre d’Eole par imprudence, et libéré les vents contraires.
Combien de volcans les hommes de cette terre, de Méditerranée et d’ailleurs auront-ils besoin de faire exploser avant de faire la paix ?
Avant même de commencer la guerre, la paix les attend déjà.
Et patiente, encore, silencieuse.
Regarde, regarde, cette lumière au reflet singulier. Ça change tout ! Un arc en ciel ? Il semble si proche, c’est doux, un cœur de soie ? Non, au cœur de soi ! Oui, toujours, l’élan vital jaillit de quelque part et de toute part.
Peut-être sera-t-il seul sur une terre polluée, stérile et déserte, peut-être est-il déjà partout, semant, comme des petites graines fantaisistes, ici la paix et là, l’amour, l’humour aussi, et toutes ces couleurs singulières, en chaque être humain !
C’est un air qui colle et fait décoller, de Charybde en Scylla, jusqu’à la découverte du passage, du pas sage, c’est possible, car ce n’est pas sérieux, de l’arme honnie à toujours plus d’harmonie. Ecoute, écoute !
Le temps de me poser pour écrire ou lire m’a manqué ces temps-ci… Il fallait tracer, faire, suivre le mouvement trop rapide, s’oublier, jusqu’au warning, cet agacement qui me ramène à l’oscillation intime. Je reviens déposer une poésie du bourgeon, de l’émergence, face à la culture de l’urgence…
Le ciel est bleu provençal, d’une couleur claire sans nuage. Il fait tellement beau! Ça sent les herbes séchées et la langueur de l’été. Je regarde ce qui reste de pelouse devant, les plantes après la canicule. Je n’ai pas taillé les rosiers! Tant mieux , je vais pouvoir goûter ses fruits dont on cherchait le nom, l’autre jour… les cynorhodons… Ils sont acidulés, si riche en vitamines anti-oxydantes a t-on lu. La nature est surprenant de ressources . Les grandes marguerites jaune ont fini par sortir au dessus du massif et l’onagre à côté, à l’air d’un grand chandelier tout maigre … A côté du banc, le massif odorant du romarin et d’autres plantes s’enchevêtrent …
Je respire; j’ai toujours aimé planter un jardin aromatique quand j’arrive sur un bout de terre… et m’y promener le nez au vent. La cloche à côté retendit . J’entends des cris, des exclamations . Les jeux de cour d’école, j’en sens le parfum tout-à-coup… Envie de me réinitialiser en deux minutes… avant de reprendre …
Abracadabra ! Ça apparait comme un jeu d’enfant…
Elle est là, la journée, craquante d’herbe sèche, bourdonnante d’ennui…
« Il n’y a rien faire », disent les petits . Le hamac, en silence, invite au balancement, au milieu du verger. Je m’y assoie machinalement.
Et déjà, en silence le balancement reprend, et propose de ne rien faire…
C’est trop tentant… Rien à faire, le pied qui touchait encore le sol comprend qu’il est bon de prendre la main… et relance le bercement.
Le corps respire et comprend « ne rien faire »…
Mais ne rien faire, ce n’est pas rien ! Le corps respire dans cet espace qui le reçoit ! Il peut se poser là, se sentir osciller comme la tige au vent doux. L’arrosage automatique chuinte entre les sillons de salades. Les tomates sont de toutes les couleurs. De loin, les regard circule sur ce jardin… Le corps peut humer et s’enivrer de menthe, et de thym, des parfums capiteux des lys blancs et or, de la fraîcheur du potager, des feuilles de tilleul. Peut-être que la bouche va croquer une de ces mirabelles dorées qui viennent d’être cueillies, peut-être pas
Laisse donc s’emplir la poitrine d’aise, laisse la s’ouvrir pour libérer l’oiseau intérieur, toute cette respiration si légère que tu pourrais t’envoler…
Le jardin met les sens en éveil, et diffuse un parfum d’extraordinaire essentiel.
Alors vient ce moment où l’ennui se transforme en volupté. Inspire et expire, c’est la, tout en détente et en plénitude retrouvées! Le sourire intérieur s’étire et…
Bonjour à tous les lecteurs , ce petit texte en mode « RÉINITIALISE -TOI ! » sera sur le site d’Estelle de « L’atelier sous les feuilles » qui nous proposait d’écrire un article commençant par « abracadabra » et finissant par « le tour et joué »… Il est tentant de tester la formule !