
Fin de matinée.
Cette femme ironise beaucoup sur la situation du moment. Elle évoque ses problèmes de loin, comme à son habitude, faussement détachée. A chacun sa façon de gérer.
Alors que la consultation est terminée, elle dit de but en blanc sur le pas de la porte : « Et avec tout ça, mon fils, sa femme et mes petits enfants sont bloqués en Angleterre, pas moyen de les voir… » Nous échangeons quelques minutes puis elle coupe court, se met à rire et tourne les talons. Il est midi.
Je sors et fait deux ou trois pas avec elle, au soleil. A gauche les lavandes cavalcadent à la brise du zénith et devant les roses semblent briller de toute leur présence. C’est apaisant.
Je lance un improbable : « Qu’est ce que les roses ont profité de ce beau temps, regardez, elles sont magnifiques cette année! »
La femme se retourne vers les buissons fleuris, puis vers moi. Son regard tente une ironie. La gaîté essaie de s’accrocher mais seule sa bouche sourit. Elle s’arrête, puis passe le portail.
Il gît au milieu de l’allée une sensation d’inachevée, de vide. Je m’avance encore au milieu des fleurs pour évacuer ce sentiment de vague malaise.
« Tu as planté ce jardin pour les autres mais aussi pour toi… Tu peux nous cueillir si tu le veux !! » disent les roses soudain !
Je reçois le silence de midi cinq sur cinq, autre chose aussi.
Il est vrai, j’ai toujours préféré garder les fleurs sur pieds, dans ce jardin où passe du public, tourner autour, les sentir, les regarder.
« Tu as le droit de nous cueillir… »
L’effet est immédiat… Je rentre précipitamment chercher un sécateur; je ressors et coupe sur les quatre rosiers les fleurs qui débordent. Je fais un bouquet énorme, que je ramène chez moi… Le soir, je remets ça… Sécateur, coupe, bouquet, sourire jusqu’ aux oreilles…
Cette fois, j’offre le bouquet à ma fille. Je prélève une fleur que je donne à mon fils en commentant : « les fleurs, c’est pour nous aussi ! ». Nous éclatons de rire devant l’évidence.
Depuis, je m’offre plus souvent les fleurs du jardin d’accueil. Les rosiers, quant à eux, s’en portent encore mieux, peut-être aussi parce que je les regarde encore plus.
©Véronique Bonnet
Les rosiers sont souvent remontants. La production de fleurs en plus grand nombre va finir par épuiser le sol en certains éléments nutritifs je sais plus, et du coup elles risquent de devenir plus faibles.
pour garder votre habitude il pourrait être judicieux de complémenter.
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Je vais regarder ça de plus près, j’ai déjà donné un mélange à l’ortie… L’important c’est la rose …
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Merci de votre passage au jardin
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Magnifique! Comme c’est joli!
Je descends régulièrement en toutes saisons, le long du Canal pour des cueillettes végétales d’ornements des pièces de la maison….
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